31.5.07

 

Jeudi 31 mai



Si je partais en train,

Je voudrais que ce dernier marche sur l'eau et terrasse les dragons.

Si je partais à pied je voudrais pouvoir m'envoler.

Du haut de mes montagnes, j'appelerais les anges,

Et je n'aurais plus d'âge,

Je serais devenue immortelle.

Mais les Immortels s'ennuient, on le sait bien!

Même le Grand Amour de mon coeur, cessera d'exister après moi!

Mais j'encolore la "terre" et j'impose le feu à mes formes inventées.

Ainsi même calcinée et réduite en poussière,

Restera trace, du "Vivant" que j'étais, de notre temps partagé.

De ce temps chargé de vie, d'histoires, de contes de fées,

Et d'inacceptables sacrilèges..

Mais qu'importe les traces, même en laissant des portraits,

La mort rend anonyme, impalpable, inexistant..

Peut-être existe-t-il un autre côté, où l'on apprend toutes les raisons,

Les pourquoi et les comment.

Ici, c'est l'énigme.

Heureusement sont les artistes qui rêvent des Gares, des trains et des grands Départs,

Des mondes fabuleux, des décors, des glisses parallèles.

Des vies hors les cadres tout fait et qui seraient inamovibles sans l'Art.

L'Art est la vraie valeur restante, la trace de nos histoires, de nos origines.

Ma Gare est un symbole.

Ma Gare est un message.

Ma Gare, même si elle ne se réalise pas,

Vous dit:

Que le paysage de béton, de surfaces répétitives, qui rendent nos lieux de vies tous les mêmes partout où que l'on aille, sont lassants et stériles.

Que nous devons impérativement nous imaginer des ailleurs.
Voici revenu le temps des Cathédrales.

Des Artistes, des Artisans, des gens qui inventent et réalisent dans la Foi en l'Humanité.


30.5.07

 


Je joue les couleurs!

J’use et j’abuse.

Je l’ai eu, ce jaune un peu ocre qui ne me convenait pas.

En fait je suis en chasse pour trouver le vert de mes rêves.

Je vais trouver je le jure!

J’ai obtenu un jaune citron incroyable avant cuisson. Qu’adviendra-t-il pendant le passage à haute température?

Peut-être vais-je retrouver un vert sale!

Cela NE FAIT RIEN, j’assume!

Ce sera un mélange perdu car, dans le détail, je n’ai pas noté!

J’ai touillé au petit bonheur, avec mon instinct.

J’aime que la recette se perde, et qu’il faille chercher pour trouver autre chose!

Si vous venez déjeuner chez moi, je ne sais jamais refaire les recettes parfois ahurissantes que j’imagine!

Si vous pouviez voir, « l’atelier ATN », cela devient aussi fourni que chez moi.

J’aime être envahie par ma profusion.

Come back.

18 avril 2001.

Il faisait un temps d’entre saison,

Il semblait qu’une pluie salvatrice se préparait

Pour effacer le temps et son abus d’empreinte.

J’aimais le temps qui s ’effaçait,

Car il ouvrait l’épopée à venir.

J’aimais les sillons douloureux qui irriguaient.

L’œuvre à créer. Le travail était plus fort.

Il engendrait l’envie de dépasser, de surmonter,

De vaincre.

Sur mon orgue, j’avais composé une musique intuitive,

Qui s’abattait en sons lourds, désagrégés, puis reconstitués.

Mon poing, s’était desserré. Ma main s’était ouverte.

Et j’avais dit Merci,

Au quart d’heure heureux.

La vie et ses instants étaient l’œuvre.

Et j’étais,

Dans une inextinguible joie!

Danielle Jacqui (extrait du « Danielle Outland »)


29.5.07

 

Mardi 29 Mai



Je ne vais plus à la mer, je ne vais plus à l’amour, et les yeux me manquent.

Mais je suis mon parcours ATN!

Je m’y noie, je m’y colle et m’incruste si bien que la place ne va pas tarder d’y manquer.

Quand les cloches de Saint Sauveur carillonnent les noces, je m’extase, et lorsqu’elles sonnent l’ « Adieu », j’ai envie de pleurer.

Quand les gens aiment mon travail, je suis heureuse. Quand au contraire ils entrent et sortent en aveugles, je me tais, désolée.

L’homme devrait être en adéquation si forte, avec son travail qu’il y développerait la passion, et que chaque fois qu’il devrait écrire le mot « travail », il serait obligé de le remplacer par plaisir.

Il devrait pouvoir aimer tant cela, qu’il ne pourrait pas compter ses heures accomplies mais le temps perdu qui participe du grand décompte qui nous conduit de l’aube à la nuit de la vie.

C’est ce bonheur trouvé dans mon art, qui me laisse parler de travail, alors que, la recherche et l’effort, participent du bien-être.

J’ai empli la grande table ovale des dernières grosses pièces sorties de la cuisson biscuit, elles sont mises en couleur, prêtes pour la cuisson émaillage.

Je regarde le tout avec passion.

Il faudra décompter les longues heures de four pour arriver au résultat final.

Ne tardera pas de se poser un problème de stockage.

Me manquent des grilles pour installer les dernières pièces afin que je puisse les visualiser.

Un fort mistral, nous rafraîchit et retarde la canicule et c’est bon à prendre.

Aujourd’hui me sera doux car « leurs » vacances sont finies et que je n’aime pas les jours éloignés de mon « Atelier ».

Cela casse mon rythme.


25.5.07

 

Les jumeaux



 

Vendredi 25 Mai


L’avancée en création est un chemin parsemé d’embûches.

Depuis le temps, je le sais.

Inutile de me contrarier pour rien.

Mon travail est incessant et important, tout au moins en quantité.

Le rendu guide tout, et me conduit vers où je dois aller et seulement en ce point-là.

Il n’y a pas d’escalier ascensionnel, il n’y a, ni haut, ni bas.

Sans les autres, on n’est rien.

Mais sur le résultat, nul ne peut intervenir, ni en tentant de freiner, de restreindre, ou au contraire de sublimer.

L’action ne peut être, que solitaire, même si elle suscite des solidarités.

J’ai le plein pouvoir sur mon travail, j’y suis mon amie ou mon ennemie tout à la fois, ou une fois ou l’autre.

Dès que mon orphelinage suggère rapprochement, de ceci ou de cela, je dévie du principal: le chemin propre.

Ce n’est pas de la prétention, mais de la précaution.

Le « travail » la besogne, au jour le jour, des jours et des jours, dans la pugnacité, la durée, finit par apporter un plus qui conforte l’instinctif.

Il faut savoir gérer cela, afin que la mémorisation ne gêne pas la création.

C’est la raison pour laquelle je pense que l’Art Brut, est celui du coup d’essai.

Dès que l’expérience certifie le geste « on » est déjà ailleurs, et qui que l’on soit.

C’est autrement, c’est tout.

Ceci, n’empêche pas cela, chance à nous, le chemin propre peut continuer!


24.5.07

 

Les « soudures » et recollage des morceaux brisés malencontreusement, l’autre jour, ont tenu et Pierre aidant, nous avons réussi l’enfournement, avec en plus, la pièce la plus délicate réalisée depuis le début.

Pierre et Fr, ont fait ce prodige, qu’ils soient remerciés comme il convient.

Je ne le dirai jamais assez, ce n’est que de la terre.

Si on tournait un film, cet enfournement-là devrait figurer sur les principales images.

Si, cela casse cela ne fait de mal à personne, et tant que ce n’est pas cuit, je peux reprendre, voir recommencer.

La fragilité de la terre séchée et non cuite encore sur des constructions si compliquées et délicates présuppose, les difficultés de l’enfournement, et d’emblée j’absous tous les accidents possibles et imaginables et j’anticipe les façons de les surmonter.

Chance à nous.

Nous avons parlé avec Pierre de la grosse Nana, que nous envisageons et calculé tous les « gros morceaux à réaliser pour avoir toutes les pièces du puzzle.

Les réalisant de moitié, c’est intéressant car nous aurons le choix, soit d’en faire une sculpture entière, double face, autour de laquelle on pourra tourner, soit en murale, les deux moitiés feront un doublé.

S’il s’agit de la gare, j’envisage: qu’elle soit installée en avant relief de la façade, au sol, ou qu’elle domine le bâtiment à hauteur de l’horloge.

Nous avons bien entendu à ce sujet évoqué, le poids et la solidité ou non du bâtiment.

Je dois dire qu’une sculpture, très à l’or en hauteur, qui se détacherait sous fond de « Garlaban », cela aurait beaucoup d’allure.

En outre, j’ai réalisé une pièce que j’aime beaucoup, hier après- midi.

J’ai acquis au fil du temps, une dextérité et une expérience qui me permettent de travailler d’emblée sans accident de parcours de type effondrement.

Je m’étais promis d’aller jusqu’à dix- huit heures, mais j’ai arrêté à cause de mes yeux qui fatiguaient.

Je dois m’adapter aux difficultés, ne pas forcer, et changer d’activité au bout d’un moment.

Je déplore les difficultés de stationnement.

L’un des avantages de « La Résidence », devrait inclure une facilité à ce niveau.

Revenir du cimetière où je gare la voiture à deux heures est réalisable, mais remonter sous le soleil de 17 h est plus difficile et je travaille tellement que l’on devrait réfléchir pour ménager la monture.

Plus cela va et plus je prends de la hauteur et du détachement par rapport à certaines choses que je ressens comme des injustices flagrantes.

Je réagis différemment en travaillant si pointu, que les hérétiques seront ridiculisés.

C’est pour cela que je considère que cette chance extrême de pouvoir réaliser ce travail géant en céramique aux ATN, est ma Chance!

Et que j’en suis jusqu’….auboutiste!.


23.5.07

 

Mercredi 23 Mai



Pour tout dire, je m’ennuie.

Cela tient à moi sans doute.

J’ai retrouvé des ‘glaces’, et j’ai pu ainsi voir, en même temps que le soleil se levait, de loin, l’Eternel retournant, « Traversier » à l’allure familière, regardant trois ans en arrière et dix pas derrière la lune tout en faisant semblant de ne pas le faire.

La traversée ne meurt pas dans les têtes, la vrille pince au cœur les fibres incontrôlées et tirebouchonne, de toute part, même si les navires ‘vieusissants’ prennent du gîte!

Ô « Toi », le héros de mon Imaginaire, quand la nuit tu me prends dans tes bras de rêve, et que je te retrouve si idéalement, il m’arrive d’être si heureuse!

Et je suis si déçue quant au matin, j’ouvre les yeux et qu’ils larmoient outragés par le temps.

Il y avait hier aux ATN le Médecin psychiatre de l’école d’infirmière de Vichy et une trentaine de ses élèves.

C’était bien, d’avoir su les intéresser pour qu’ils arrivent jusque-là.

Toujours ce mal-être circonstancié, dans un contexte rempli de zones d’ombres, de fuyants et furtifs, d’allers et retours montants et descendants, sans chaleur véritablement amicale, sans dialogue réel.

Je tords et pétris la terre, je mets mon cœur et mon âme à l’intérieur, mais la terre, on le sait, finit toujours par nous ensevelir.

Qui, ici, viendra conduire le Grand Sujet, le Grand Débat, celui qui ira au-delà des « papotages » du commun, pour nous « Transporter »!

Quelles sont ces insatiables nécessités de grands vents et de souffles inaccessibles qui m’habitent, et me rendent perpétuellement en attente.

Qui saura, saurait, conduire le rêve pour qu’il enflamme, pour qu’il dévore et passionne, passionnément.

Je crois que je suis à présent un peu bridée par la fonction nécessaire de devoir continuer de créer les pièces constitutives du grand projet, sans pouvoir commencer la deuxième phase de construction des structures.


22.5.07

 

Mardi 22 Mai


J’ai entamé une descente aux enfers de la « réminiscence », pour mettre à jour « mon roman » qu’un éditeur désire lire.

C’est à la fois, un travail important et en même temps facile, tant j’avais longtemps travaillé cet « ouvrage ».

Les bonnes âmes avaient eu beau me dire, que j’étais faite pour peindre et pas pour écrire, je m’étais entêtée.

Je ne lâche jamais une tâche entreprise.

L’écriture est un vrai grand travail, un travail à part entière.

Peu importe le temps mis, seul compte le rendu.

L’écriture abrupte comme sur le blog, est une chose tout à fait défendable.

Le choix d’aller plus loin et de peaufiner pour rendre les choses littérairement transmissibles est autre.

Chance à moi, si j’en arrive.

Tout au moins, aurais-je essayé!

Hier, Paquito, en voulant m’aider à l’enfournement, a cassé une pièce.

Il s’en est bouleversé, alors que depuis le début, j’assure tout le monde, que l’erreur est humaine et qu’en l’occurrence, tout est rattrapable.

Il n’arrive que ce qui doit arriver et il n’y a pas de drame, face aux incidents matériels.

J’ai laissé la pièce de côté, et je verrai aujourd’hui, comment la reprendre.

Soit que je mouille abondamment les deux extrémités et les soude avec une barbotine épaisse de la même terre, soit que je mette en cuisson les morceaux tels quels, et je les souderai au moment de la construction.

Pas de panique donc.

Il n’en demeure pas moins, que si nous préparons bien, le grand monumental en question, il faut résoudre l’aide à l’enfournement.

J’ai impérativement besoin, Antoine, de la photographie agrandie de « La Gare »!

Merci, de bien vouloir faire diligence.

Danielle Jacqui.


21.5.07

 

Lundi 21 Mai


Il y a des jours où l’on a envie de se taire.

Je n’ai pas regardé mes tarots depuis fort longtemps, mais je suis sûre que si je le fais, « La Tour infernale », sort, première.

J’ai retrouvé des lunettes mais pas le moral!

J’irai « défourné » l’or tout à l’heure et faire démarrer une neuve cuisson, mais en fait j’ai envie d’aller me promener.

De prendre l’air.

D’être heureuse, de m’éclater.

J’aimerais faire la danse russe à la cosaque, comme avant quand je pliais les genoux avec grâce et agilité.

J’aimerais prendre un groupe d’enfants avec moi, et leur apprendre, toutes les danses que je connaissais:

La mazurka, la bourrée auvergnate, le rill américain, la sardane espagnole, la farandole, et laquelle, et laquelle, toutes celles que j’ai publié, mais qui me reviendraient au fur et à mesure.

Ainsi que toutes ces vieilles et innombrables chansons du folklore que je pratiquais presque journellement, du temps du « Château » à Saint Rémy de Provence.

C’est pour cela que je fabrique les mains en l’air, comme les danseurs, les 20 sujets que librement, j’ai choisi de laisser en cadeau aux ATN, à condition qu’ ‘ils’ acceptent de les exposer solidairement, de telle façon que le public puisse les voir.

Danielle Jacqui.


18.5.07

 

Vendredi 18 Mai


Hier était un jour férié et nous avons reçu beaucoup de monde aux ATN au moins soixante personnes.

Des gens intéressés par le travail tout autant que par le sujet.

Un vrai chantier de débat où tous les problèmes relatifs au projet sont pressentis et analysés.

Je m’empresse d’insister que je ne me prends pas la tête, que je ne veux en rien intervenir sur la décision finale.

Je ne me situe pas en cette affaire comme quelqu’une qui voudrait imposer ses vues.

Le journal disait que si le projet ne se réalisait pas je n’en voudrais pas à qui que ce soit.

C’est vrai, et même au-delà de la proposition et du « militantisme » que j’exerce pour la défendre, je considère que cela reste de ma part une proposition et que la décision ne m’appartient pas en aucune façon, même pas dans ma tête.

Ceci dit, au fur et à mesure que le débat avance je positionne et conforte mes idées.

Il m’arrive de dire, que les adversaires du projet ne le sont pas dans le bon sens même si leurs arguments sont censés et doivent exister.

Je dis qu’il devrait venir au jour des arguments plus extrémistes que les miens.

Du type :

Tu voudrais parer la façade de la gare, or la gare préexiste depuis plus de cent ans.

Avant que tu n’en parles, elle faisait tellement partie de nos habitudes que nous avions oublié de la voir, même sur les images ici, elle faisait défaut.

Nous étions installés dans la coutume, et la coutume ne fait pas de vagues.

Non seulement il faut une gare parée de céramiques, parce que c’est l’emblème de la ville, mais il faut une gare nouvelle conçue par un « an architecte- architecte » de génie.

Pour que nous avancions, il faut cesser de chausser les pantoufles de nos arrières grand-pères, nous avons besoin de nous créer un espace neuf, contemporain.

Je veux dire par là, que c’est un contre- argument qui devrait être avancé à l’encontre de ceux dont la vision à tort ou à raison consiste à vouloir protéger un bâtiment qu’ils pensent typiquement provençal, et faisant partie intégrale du paysage.

Je dis au public nombreux, que ce qui est fameux dans le processus d’avancée de La Résidence d’Artiste, c’est justement cette réflexion de tous ceux qui viennent visiter qui, lorsqu’ils vont passer devant la gare qui leur était quotidienne vont se mettre à y penser , à mener avec moi, nous, une grande réflexion.

Que le projet aboutisse ou non, nous avons ajouté une dimension à La Résidence d’Artiste et c’est là l’enjeu qui semble réussi.


16.5.07

 

Mercredi 16 Mai


Bon anniversaire Maman!

Il n'y a que de la routine aux ATN tant que je n'ai pas retrouvé des lunettes, et le moral qui est toujours un peu "under"!!

Come back journal danielle jacqui

Je cherche toujours un éditeur!

Journal sortie de l’enfer vendredi 2003-05-16

Le 16 mai 1904 était le jour de naissance de ma mère.

Si je comptais bien elle aurait ce jour, je n’arrivais pas à y croire 99 ans. Notre mère, c’était à la fois un poème et un rempart.

Je ne sais pas comment l’aborder, je pense qu’un jour il faudra publier ses propres écrits et faire perdurer sa légende et celle de nos aïeux car elle a laissé tant de pistes que l’histoire propre à une famille rejoint l’Histoire.

Notre mère avait une forte personnalité et elle était très engagée.

… Trop engagée serait-il bon que j’ajoute d’un point de vue égoïste et personnel.

Je veux dire trop<>.

Pas assez libre d’idées et d’une conscience qu’elle avait acquises cependant, et forgées dans une éducation laïque, anticléricale et socialisante de son instituteur de grand- père Bonamy..

Je dis égoïste aussi parce que j’aurais bien aimé le confort d’une éducation bourgeoise en cocon.

C’était une question d’époque, et je la défends d’avoir su faire des choix qui étaient courageux et de les avoir assumés.

Elle prenait son bonheur dans cette aventure de vie quels qu’en soient les dangers.

Hommage à son courage!

Ses luttes s’accomplissaient dans la passion et elle avait engrangé dans ces temps difficiles, l’accomplissement personnel dont elle avait eu besoin pour réconforter les années difficiles de la vieillesse..

Cela s’était déroulé le plus souvent à notre détriment, à nous, mon frère ma sœur et moi, semblait-il, encore que......!.

Notamment, à cause de nos années de pension et de ce fait de manque affectif au quotidien.

Ceci dit je ne veux pas en gémir.

Je pense d’une façon générale, que des difficultés de l’enfance ne naissent pas forcément uniquement des boulets que l’on traîne toute la vie mais que bien au contraire ce sont justement de ces difficultés que surviennent des réactions bénéfiques qui amènent à se faire une vie riche.

C’est une question de richesse d’individu.

Qui gémit sur son passé à longueur de vie devrait avoir honte. Le passé ne peut pas nous servir d’alibi à l’échec, Il doit tout simplement être dépassé et transcendé.

C’est d’ailleurs tout simplement ce qu’avait su faire notre mère, qui n’avait pas eu forcément une enfance facile.

Elle avait une grande nécessité intellectuelle et le désir décuplé sur ses derniers jours d’entrer en communication avec tout ce qui bougeait

.Elle avait tout connu, et connaissait tout le monde.

Elle pouvait sortir mille et une histoires de rencontres ou d’aventures enregistrées par sa prodigieuse et tyrannique mémoire.

Comment elle avait connu Blaise Cendrars, Matisse, Sydney Chaplin, aussi bien que Marcel Cachin et d’autres innombrables.

Durant ses derniers mois de vie elle restait alitée et nous descendions prés d’elle Claude et moi, le soir, et elle ouvrait sa boite à souvenirs.

Je regrettais terriblement de n’avoir pas enregistré

.Elle était intarissable par exemple sur qu’elle avait vécu heure par heure et presque rue par rue, pour ne pas dire immeuble par immeuble…

Journal : sortie de l’enfer 16 mai 2003 suite

Depuis qu’elle n’était plus, il n’y avait plus rien derrière. Plus de confidences à faire ou à recevoir, plus de bâton de sécurité.

Il faut cependant, qu’un jour cela arrive, afin que notre destin propre puisse s’accomplir.

Tout ce que j’avais fait, avait été réalisé pour susciter l’admiration et "ma" « reconnaissance » de ma mère .

J’avais toujours pensé que je devais la décevoir. Il m’était même arrivé de penser que j’étais adoptée et je n’étais pas réellement sa fille.

Chaque fois que S... avait disparu, j’avais décuplé ma force de travail en me disant que je l’attendais et que j’allais tellement travaillé et accomplir des actes de vaillance qu’obligatoirement quand il allait revenir j’allais le subjuguer……en fait, je reconduisais un comportement acquis dans l’enfance par rapport à ma mère.

Je n’étais pas entrain de dire chaque chose et son contraire. On peut très bien devenir adulte et transcender les problèmes dus à notre éducation et tout en même temps reconduire des comportements acquis durant cette éducation.

En fait S... était si loin de moi, qu’il n’en n’avait rien à faire et que je ne subjuguais rien du tout. Du moins le croyais-je.

Ce n’était pas sûr. Sur ce point on ne saura jamais. C’était peut-être tellement le contraire !


15.5.07

 

Mardi 15 Mai














14.5.07

 

Lundi 14 Mai

2ème partie (suite du texte de Dimanche 13/5)



Je serais prétentieuse si je voulais digresser sur « la folie », il y a des spécialistes pour cela.

Mais dans la mesure où pour me blesser une lettre anonyme adresse son courrier à la « Maison de la Folle qui peint » entre autres injonctions qui se veulent insultantes, je suis bien obligée de me poser des questions sur l’état mental de la personne qui se laisse entraîner à un tel débordement, et de lui conseiller quelque pratique d’art thérapie.

Bien obligée de reporter mes réflexions sur le fait que, quelque part et parfois nous entrons tous en tout ou en partie en état de dérèglement mental à dose homéopathique ou à forte dose et qu’il n’y a aucune atteinte à se réclamer d’une collection qui authentifie les qualités créatrices de personnes plus libérées par essence, des contraintes et des tabous de la culture dominante.

Je suis en art depuis quarante années à présent, et je suis heureuse, de saluer la Collection de l’Art Brut, qui fut des années durant, le seul endroit à s’intéresser à des travaux comme les miens ou semblables aux miens.

Le seul endroit qui répondait à nos courriers et dispensait les encouragements.

Je suis actuellement, accomplissant une action déroutante.

Je dois en même temps tenir la barre de ma direction retentissante et parfois perturbatrice, sans dérouter, en tâchant de ne pas déboussoler de façon déraisonnable, et même si je tiens fort ma lampe- tempête, les choix ne sont pas simples.

Je me démarque d’un critère principal de l’artiste d’art brut pur qui reste prisonnier d’une même technique, par la complexité » de toutes mes techniques.

Alors que, dans le cas présent je suis comme une nonne dans son monastère, au rythme des cloches sonnantes de l’Eglise proche, pieusement prisonnière d’une même technique qu’il me faut apprendre et apprivoiser.

Il y a une telle coupure, et une si grande différence de rendu, entre mon épopée actuelle, qui pourrait vite être qualifiée de Grand Art, ce qui à mon sens me mettrait en danger, et mon œuvre globale antérieure, que je dois absolument trouver la soudure d’assemblage sauvage des structures accomplies, pour retrouver la Danielle Jacqui, que d’aucuns traitent de « folle ».

Et, en même temps que je souhaite m’isoler, pour me concentrer dans mon action, et tourner le dos au public, je suis happée par la nécessité de le rencontrer, lui qui vient nombreux et de militer le mot n’est pas trop fort, pour défendre mon programme que d’aucuns voudraient mettre en danger.

C’est une belle aventure toute fois, même s’il m’arrive d’y perdre pied..

Danielle Jacqui.


 

Dimanche 13 Mai

Première partie


Ce jour-là en 1968, il faisait très chaud et les cerises étaient noires et sucrées, dans le champ en dessous de chez moi, et nous vivions des évènements considérables.

L’Art Brut et Nous.

Heurtée par une réflexion, l’autre jour, j’ai eu envie de répondre, même si, je ne suis pas forcément habilitée pour théoriser.

Tel ou tel, avaient coutume de ne pas vouloir de ces appellations, dites, réductrices: d’Art Brut, qualifié et raccourci par la corrélation avec un art de « fou », ou Singulier et autres.

Je connais parfaitement ce discours qui voudrait que l’on soit autonome de cela, à part entière un Grand, parmi les GRANDS………….Picasso, Giacometti, et d’autres comme exemple.

Sauf qu’il faut bien faire attention qu’à vouloir rompre les amarres de sa famille naturelle des sans grades, des irréguliers, des autodidactes, du monde de la culture des pauvres, et des gens de l’Art Brut, (qu’on le veuille ou non) et qu’à force de se vouloir « grand » on peut perdre, ce pourquoi l’on est fait, et voir décliner la force de son œuvre.

Tel ou tel disait aussi ne pas vouloir être assimilé ou rapproché du « Facteur Cheval », considérant que ce rapprochement était réducteur.

Ce rapprochement ne m’a jamais gênée, car j’avais pensé d’emblée que le regard de Ferdinand Cheval était un vrai regard, et l’alter ego au moins de celui de Picasso.

J’ai toujours pensé que le Facteur Cheval était un phare.

Son œuvre, est une anarchitecture, une architecture à posteriori, et un Grand-Œuvre.

Un acte génial, d’un courage insensé et à grande portée.

Elle est porteuse d’un message explicité qui annonce qu’un homme « de sa condition » démontre ce qu’Il est capable de faire.

Son rêve et son action se sont déroulés au fond de son terrain, à l’abri, malgré les quolibets et attaques dans son village alors perdu, le seul endroit, sans doute où il était possible de le laisser faire, sans toutefois réaliser la portée culturelle subversive sur l’humanité entière que cela allait générer. C’était un visionnaire,et un interventionniste direct sur l’environnement humain immédiat et à long terme.

Mon action et mes réalisations sont naturellement approchables et différemment exercées, parce que je ne suis pas dans le même temps et que j’ai ma vision propre, en toute autonomie et hors toute vassalité.

J’admire Le Facteur Cheval, donc, en toute liberté d’esprit.


11.5.07

 

Vendredi 11 Mai




Il me faut gérer toutes mes contrariétés, et j’ai beaucoup de ressentis à ce sujet.

Mes yeux semblent vouloir me demander pitié.

Dix jours d’attente pour mes nouvelles lunettes.

Je travaille donc sans mes glaces. Pour le modelage, cela se passe bien puisque ma vue à longue distance a changé.

D’aucuns ici, semble-t-il, fomentent cabale (le mot n’est pas exagéré) contre moi et contre le projet, de façon absolument méchante et obtuse.

Je dis obtuse, sans mépris pour quiconque, mais si mes renseignements sont exacts ces ligues plus ou moins malsaines, sont le fait de personnes non parfaitement informées sur les conditions du projet, qui ne sont pas venues voir le travail en question, qui pratiquent des propos à courte vue, non empreints de petits sentiments ou ressentiments qui n’ont pas lieu d’être en ce cas.

Je me propose donc d’aller les rencontrer, et de discuter pour apporter tous les éléments d’explication qui leur feraient défaut!

Je suis habituée depuis toujours à ce type de rejet et de volonté de me nuire. On me dit, quand on est mi-figue, mi-raisin pour me clouer le bec: vous devez admettre que vous et vos projets et réalisations ne plaisent pas à tout le monde.

Je le sais et l’admets tout à fait, je défends mes arguments c’est normal aussi, d’autant que l’on sait parfaitement que tous les projets ou réalisations innovants subissent le même type de contestation.

Mais à présent je suis plus fragile et j’ai plus de difficulté à supporter la méchanceté pure. Cela gêne ma création.

Pourtant et heureusement, le public nombreux qui fréquente les ATN, contredit mes détracteurs et me manifeste beaucoup d’adhésion, de sympathie, d’encouragement et pourquoi ne pas le dire, d’admiration.

L’un de mes supporters, j’en ai beaucoup, me disait l’autre matin : vous devez vous préoccuper uniquement de votre création, le reste, c’est Nous, vos amis qui devons nous en charger.

Autre problème, à partir d’à présent, l’aide technique de Pierre Architta, est supprimée.

Je le regrette car cela va freiner mon avancée. Quoique l’on essaye de faire pour pallier, je vais devoir mettre le nez dans la fabrication pure des couleurs, au moins une demi-heure par pratique et tâtonner au début, mais on dira que cela a l’avantage de me donner un savoir qui manquait à ma corde de « sans savoir » et que le fait de faire mes sauces moi-même, quelque part pourrait ne pas me déplaire. Je sais déjà que je vais y ajouter du thym, du romarin, et de la crème fraîche!

Autre problème majeur: les enfournements. Je ne peux absolument pas soulever l quoi que ce soit! Et les journées perdues au niveau du four ne se rattrapent pas.

Enfin, pour un projet de cette qualité, pour une artiste comme l’on dit : « de réputation internationale, cela fait un peu bizarre.

Pierre Architta apportait en plus de son savoir, un véritable soutien moral.

J’ai rarement rencontré un artiste aussi loyal, aussi performeur dans son savoir et sa générosité pour le transmettre.

Je tiens ici à le remercier.

Cette aide avait été prévue pour « La Résidence » initiale du 6 novembre au 13 mai.

La prolongation ne joue pas sur tous les tableaux.

Je sais bien qu’ici les décideurs font ce qu’ils peuvent, mais j’ai absolument besoin de les rencontrer à ce sujet.

………..Si tu ne viens pas à la montagne, la montagne ira à toi!

Ces nécessités d’explications et de clarifications, font que je n’ai pas encore abordé le sujet qui me préoccupe :

L’Art Brut et Nous, bien qu’il soit en droite ligne avec ce qui précède.Ce sera donc très prochainement.


10.5.07

 

Jeudi 10 Mai



Je rencontre beaucoup de monde aux ATN dans l’ « Atelier ».

Une dame m’a expliqué hier, qu’elle avait une bien meilleure lecture de mon travail ici, que lorsqu’elle se trouvait devant ma « façade ».

Cela est le genre d’incompréhension que j’admets tout à fait.

Sauf que les amateurs de mon travail ne me retrouvent pas dans la présentation aux ATN, car pour eux cela devient « clean » ou simplement étranger!

Dans un cas comme dans l’autre ce n’est pas à moi de suivre mon public, mais à lui de venir jusqu’à moi.

Lorsque j’écoutais Wagner il y a longtemps, moi, qui était sans culture ou approche musicale particulière, je rejetais.

Dans cette musique, j’étais comme dans la forêt vierge.

Tous les sons s’entremêlaient dans une sorte de cacophonie que je ne savais pas pénétrer. Lorsque un jour, curieuse par excellence, j’ai bien voulu écouter sur France Culture, un spécialiste, faire une ouverture pédagogique, avec des extraits du « Vaisseau Fantôme ».

Il y avait un découpage extrêmement bien fait, qui m’a ouvert les portes du Paradis.

Je dis souvent que les personnes qui se perdent dans le prolixe de mon art, doivent se faire la caméra avec la main, et aborder, morceau par morceau avant de projeter leur regard sur l’ensemble.

Lorsque j’étais plus jeune, j’avais la faculté, assez spéciale qui me permettait la lecture d’une page d’un seul trait. Je devais ensuite me concentrer ligne par ligne si je ne voulais pas être trop succincte, mais pour une lecture de sélection, c’était parfait.

Je sais donc que certains peuvent me lire d’un seul trait et que d’autres ne le peuvent pas.

Comme d’autres, n’accèdent pas à ma palette, ou à ma façon d’aborder les sujets.

Je comprends tout à fait cela.

Par contre j’ai du mal avec la méchanceté pure issue de sentiments autres que l’appréciation propre de mon art.

Le débat semble s’installer dans la ville et en dehors de la ville par rapport à ma proposition d’investir la façade de la Gare avec une installation monumentale des réalisations que je prépare aux ATN.

Il y a un courant un peu timoré qui sentant que le projet, a des adeptes proposent des solutions intermédiaires.

Pourquoi pas un autre lieu, une école par exemple?

Pourquoi, au lieu de recouvrir toute la façade, ne se contenterait-on pas d’une fresque?.........

Je réponds: Non !

Dans le propre de ma démarche, je suis obligée de répondre non!

Je suis même obligée d’aller plus loin, dans l’audace:……………………………..

…………Pourquoi, la « Gare ne serait-elle pas l’ouverture d’un immense chantier qui impliquerait des artistes « an architectes garantis », sur des trottoirs de cet espace magnifique, tout autour, avec des fontaines des réverbères des jardinières et du jardin à herbe folle.

De telle façon que, Aubagne soit devancière d’un immense projet totalement innovant, et renversant.

Pourquoi toujours être frileux dans la conception de l’environnement, et craindre de changer de cadre. Le cadre peut perdurer lorsque c’est nécessaire à la préservation de chefs- d’œuvre, sans cela il ne faut pas craindre de vivre avec son temps et d’ouvrir les chantiers à venir. Danielle J


9.5.07

 

Un matin de Mai


 

Lundi 7 Mai

Je pensais être comme ces fiancées de la première guerre mondiale qui ayant perdu leur amour étaient restées fidèles et demoiselles toute la vie.

Mon ROMAN, à force d’absence devient virtuel et se noie dans l’oubli, des jours trop occupés par ailleurs.

Les idées ne doivent pas être figées, seule avance la création dans chaque journée.

Ce que je fabrique, terre, eau, feu, mêlés, en interaction avec les gens qui me visitent chaque jour se burine pour durer et me survivre.

Cela n’a rien d’un roman à l’eau de rose, même si j’ai toujours aimé cela.

(Quand j’étais jeune fille je lisais « Nous Deux », en cachette de mes amies qui se seraient moquées de moi)

C’est un vrai Roman.

Je suis positivement fatiguée le soir, et je m’endors jusqu’au matin, sans avoir eu le temps de susciter mon Poème, et de raviver sa survivance et de le reconduire, pour qu’il continue de vivre en moi, jusqu’au seuil de mon Eternité!

Mais le temps et l’action trop insistée usent mes yeux, et un de ces jours je ne pourrai pas Le reconnaître s’il vient à traverser le Pont.

Je protège la cicatrice de mon ventre, toujours craintive de mes cicatrices, mais une main aux doigts de velours ose s’y balader la nuit en trouvant que j’ai la peau douce!

Et j’ose avouer que ce m’est un plaisir, une joie, un bonheur.

Et un Honneur!

Je suis « femme », toujours et encore!

Ma vie est un cadeau!

La grosse tête n’a pas encore de nom car je n’ai pas encore terminé son corps.

Mais elle est sortie de haute température puis cuisson or et platine.

Belle de matière, arrogante de tous ses éclats, différente en couleur de tout ce que j’avais fait jusqu’ici.

A la sortie cuisson émail, la couleur me décevait.

Des gens qui étaient là, et qui me connaissent étaient déçus, aussi!

Ce ne sont pas vos couleurs disaient-ils!

C’était fade.

Mais avec l’or, j’en ai fait un vrai soleil.


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