31.7.07

 

Mardi 31 Juillet





Sœur, Soeurette, Sorellina, Sorellita.

Ma petite sœur Eveline,

Je te souhaite un bon anniversaire.

Même pour toi qui est plus jeune, on ne compte plus les bougies qui s’entassent année après années.

On aurait cru que cela allait durer toujours,

Tant pis, tant mieux, pour l’instant, nous sommes, et je te souhaite tout le bonheur du monde encore et encore.

Plein champ,

Plein temps, Belle vie, Bonne vie.

Et de l’amour toujours,

Et du succès dans tes recherches.

Je te fais la bise.

Danielle.

Je prends beaucoup de temps en recevant les gens qui viennent visiter l’Atelier aux Ateliers.

L’artiste C. est venu m’y rendre visite, l’autre après-midi, avec sa compagne.

Nous nous entrevoyons depuis longtemps, et ce sont des moments de respect mutuel et d’échange très agréables.

La dernière fois que nous nous étions rencontrés, c’était en 1998 à Lausanne.

J’étais devant l’entrée de la Collection de l’Art Brut, et lui, sortait du Musée en face, où il exposait.

Curieuse rencontre pour des artistes du même village.

Mais il n’y a pas de hasard.

C. dit qu’il est un peintre bourgeois, parce qu’il réalise des commandes qui se vendent dans les lieux prévus pour cela.

Je ne sais pas si le terme « peintre bourgeois » est le bon, et peu importe, mais il situe bien vu de l’extérieur, et par opposition, « le peintre singulier ».

Y aurait-il dérive?

J’avais reçu la veille deux hommes dont l’un se proposait de monter un site concernant les artistes singuliers, afin disait-il qu’il existe un répertoire et que l’on sache où les trouver.

Mais comment faire?

Sont-ils singuliers tous ceux qui prétendent l’être?

Existe-il des peintres singuliers tout court et des peintre bourgeois déguisés en singuliers.

Doit-on tous les citer, ou doit-on vérifier un peu, et doit-on faire des chapitres et des boîtages.

Je m’en fiche, je n’en fais plus partie, je suis dans la catégorie des anarchitectes et des concepteurs d’œuvres visionnaires.

Je ne suis ni en file, ni chef de file, je suis « out ».

Outsider Art, et à présent Outsider Art céramiste.

Je suis dans un combat singulier, où les tenants de l’art singulier français n’ont pas mis les pieds jusqu’ici, en dehors des Caire toujours présents pour accompagner et témoigner de l’Aventure.

Je suis solitaire dans l’Aventure.

Mais peut-être n’ai-je pas assez lancé les fusées de détresse, nécessaires, dès lors que les réactions timorées de tout bord, tentent de m’anéantir ou en tout cas de me négliger et d’envoyer mon travail aux oubliettes, pour se débarrasser du problème.

Une dame de grand âge est venue me rendre visite hier matin.

J’ai tout de suite compris qu’elle ne faisait pas partie des amis de mon projet.

Elle a regardé la magnifique boule appelée Marie Antoinette par un visiteur, et elle a porté la main à son cœur soulevé, en disant à demi voix, non, non, ce n’est pas possible.

Une seule chose oui! mais pas tout cela!

Je me suis approchée et elle a dit, vous êtes Madame Jacqui?

Ah!Je suis heureuse de vous rencontrer!

Vous ne devez pas toucher à, notre gare!

Notre gare de Provence, c’est notre enfance, nous avons été élevés avec!

Elle a ouvert son sac et sorti une petite liste de pétition, contre le projet, écrite d’une écriture tremblante.

Je lui ai parlé gentiment, je lui ai expliqué que j’aimais sa franchise, et que j’acceptais tout à fait sa réaction, et que je ne voulais pas entrer dans un conflit, et que je sollicitais même son amitié.

Nous avons alors fait un tour de la salle et de l’exposition des réalisations.

Cette dame trouvait « beau », ici et là, plein de choses, et s’avérait connaisseuse.

Elle disait même avoir travaillé aux Ateliers Thérèse Neveu.

Petit à petit, l’atmosphère s’est détendue, et elle a voulu en savoir plus sur le projet.

Pour un peu, elle aurait fait des suggestions participatives.

Je lui ai demandé d’attendre avant de déposer son avis négatif, de réfléchir, et de revenir ensuite.

Elle en a été d’accord et je lui ai offert mon amitié, quoiqu’elle en décide.

Elle a répété qu’elle avait été très heureuse de me rencontrer.

Quant à moi, je suis sûre qu’en prenant plaisir, en déclenchant n’importe comment ce type de réaction, sur des gens dont l’esprit est formaté traditionnel, non préparés à une culture différente, sans avoir tenté d’expliciter les choses, on n’est pas innocent!

Face à cela, je n’ai que le poids de ma sincérité.


30.7.07

 

Lundi 30 Juillet



Les feuilles damassées ramassées,

Les feuilles tassées entassées,

Qui racontent l’histoire des Chamans Charmants,

Dépassés, trépassés, oubliés,

Sont entrées dans la trappe du temps écoulé.

Les Charmeurs se conjuguent au passé sans participer.

Si l’on veut les sortir un instant,

L’écrin dans lequel, ils semblaient enfermés, pour ne mourir jamais,

Ressemble à une vieille boîte rouillée, dont le couvercle est soudé.

L’histoire que l’on trouvait si belle a pris l’eau,

Semblable à ce bateau dans son cimetière,

Qui a cessé de servir.

Je ravive les flammes pour tenter de ne pas oublier,

Et je me les refais beaux,

Même s’ils n’étaient que des marins d’eau douce,

Des pièces rapportées.

Mon ventre a su fabriquer la vie,

Et connaît son contraire,

Sans oser l’aborder.

Mon ventre ouvre sur l’abîme abîmé, fatigué,

Par trop d’imparfait,

Même s’il aspire encore aux velléités.

Mon cœur est un leurre leurré,

Si tant et si bien tant de fois,

Qu’il fait semblant de croire à la chanson,

Mais se méfie.

Pourtant j’attends, qu’Il apparaisse,

Les bras chargés de fleurs,

Et mette le genou en terre,

Ecrivain dans ses yeux,

Qu’il désire me combler,

Et tout recommencer.

Car l’amour en soi, même supposé est indispensable à l’acte de création.

Je reste sur le marchepied du train abandonné,

Un foulard à la main en guise de signe.

J’inaugure la façade d’une Gare Unique,

Si belle,

Qu’Il sait que je suis à l’attendre.

Et je mets de la terre en couleur,

Et de la couleur sur mes cheveux.

Mes chevaux sont d’argile,

Mon glaive est farouchement,

Lové dans l’œuvre en construction,

Bâtie de mes certitudes d’artiste,

Et non pas de mes rêves supposés.


27.7.07

 

Vendredi 27 Juillet

Merci Monsieur Zalewski, pour l’envoi de ce joli et intéressant livre sur les gares de Provence.

Je suis heureuse du fait que le projet de céramiquer la façade de la Gare d’Aubagne

puisse être pris au sérieux.

C’est la première fois que l’on ose tendre l’oreille sur mes suggestions d’artiste et d’artiste seulement.

Et je comprends que cela pose toutes sortes d’hésitations et de problématiques, pour les différents décideurs.

Je ne sais pas comment il sera possible de concilier tous les paramètres de chacun des partenaires. Mais rien, n’est impossible, aux hommes de bonne volonté.

Le tout est de bien comprendre le côté visionnaire de ma proposition, que j’ai nécessité d’expliciter.

D’une part, le fait que je puisse réaliser cette « Résidence d’Artiste », et m’adonner à la fabrication des pièces en céramique est à soi seul, un tel plus, pour parachever mon œuvre, que même si malheureusement cela devait s’arrêter là, je ne pourrais que rendre grâce à ceux qui m’ont donné l’occasion de la faire.

D’autant que cela se produit en interaction avec le public nombreux de la ville, de la vallée de l’Huveaune, de la Provence et de bien des ailleurs, puisque nous sommes dans la période des congés.

Je peux ainsi communiquer.

Expliquer ma démarche, mon projet, et recevoir les avis et parfois, très rarement d’ailleurs, les objections.

À ce propos, je dois dire que les objections existent et le contraire serait presque malheureux, mais je trouve dommage que sous un prétexte d’objectivité et de prudence on les cherche obligatoirement et que l’on distribue une idée erronée sur leur importance.

Me semble-t-il, une Ville qui sort du contexte craintif; qui ose aborder un projet hors les normes, au risque de déboussoler un petit peu, les « habitués des habitudes », prend le risque de voir son audace admirée beaucoup plus que sanctionnée.

Il est regrettable qu’il faille attendre ou supposer que l’artiste ait une reconnaissance internationale pour oser le regarder.

Je dis « supposer » car je ne suis pas Picasso!

Je n’ai pas sa renommée.

Pour un peu je ne désire pas être dans le même contexte que lui, qui est une grande valeur commerciale, même si pas seulement, heureusement.

Le bonheur avec mon art est que je suis restée dans la catégorie des peintres du dimanche, même s’il se trouve sérieusement dans des livres.

Il est dans un certain type de Musée : « les » hors les normes!

Et pas dans les autres.

Le Fra c, ne m’a jamais regardée!

Et pour y être allée le « Métropolitan Museum », non plus.

A trop vouloir dire en même temps je risque de déborder…….. ; mais il faudra m’en excuser.

J’ai fait cette proposition de céramiques en état d’anarchitecture sur la façade de la Gare.

Une proposition, qui est ferme sur mon éthique propre, en la matière.

Je ne suis pas entrain de dire que je suis bornée et que je n’entendrai pas le discours des autres, mais il faudra aussi entendre le mien, qui est solidement ancré dans ma tête.

Je suis prête à réaliser l’œuvre monumentale sur la façade de la gare, sur treillis si l’on veut, mais en état d’anarchitecture.

Le deal est intransportable, sans mon accord.

Il est donc inutile d’envisager la chose.

Les pièces réalisées, personne n’en parle beaucoup dans les « écrituries », mais c’est important font, l’enthousiasme des visiteurs.

Au risque de paraître immodeste, mais je hais les faux- semblants, cela fait sérieux, cela fait fort et créatif et précieux.

Je travaille depuis des mois comme une forcenée avec tout l’esprit créatif dont je dispose. Avec et grâce, aux moyens qui sont mis à ma disposition et à la nature spécifique et magnifique de la céramique.

Refuser le cadeau, ce serait dommage.


26.7.07

 

Mercredi 25 juillet








Le miroir à double face, Danielle




Les gens qui vivent des histoires trop fortes peuvent en mourir.

C’est un choix!

Trop de gens, trop d’émotions, trop de bonheurs, trop et trop!.

C’est si bon!

Mais cela me déconcerte, me déconcentre.

Je n’ai plus de place pour poser mes œuvres en création.

Toutes les tables sont pleines, et je ne veux absolument pas entasser dans des cartons.

J’ai besoin de me trouver comme étouffée par mes créations.

J’ai nécessité de les voir, de les posséder toutes, qu’elles m’entourent, qu’elles m’étouffent.

Il est inutile d’envisager quoique ce soit, autrement.

Si le projet de la Gare ne peut pas se réaliser, j’ai dit et je le répète je ne m’en offenserai pas, mais, je ferai rapatrier toutes ces œuvres en céramique chez moi.

J’imagine un cheminement singulier, et singulièrement chargé à tous les sens du terme, le long d’un passage étroit où elles seraient rapprochées, et visitées, jusqu’à ce que peut-être elles me servent de linceul.

On peut encore envisager de l’espace sur table mais il me faut un petit peu d’aide physique, matérielle pour mettre en place.

Je devrais demeurer concentrée sur mon œuvre.

Je devrais rester cachée, et laisser la parole et la présence à mon double ou tout simplement à quelqu’un d’autre.

Lorsque je rentre le soir, je suis réellement exténuée.

Tu es si belle Ghislaine et tes amis sont si « riches » et sympathiques, j’en suis émerveillée.

Nous avons à présent une poupée partagée.

Toi et moi.

C’est ainsi que j’ai un miroir à double face.

Quelle histoire.

Et toi, ma Claire Belle, comment vas-tu?

Les amis de Ghislaine ont traduit pour moi le texte de notre ami de San Francisco, écrit sur le livre d’or des ATN……...

….. »Une magnifique vision artistique et la gare, quand elle sera achevée, sera un testament extraordinaire de l’art d’une femme.

-Et sera vraisemblablement-,

cela deviendra définitivement la chose qui situera Aubagne…………….. et attirera toujours ici les touristes.

J’explique depuis quelques jours, au public nombreux qui visite l’atelier exposition,

Que l’on se trouve dans un espace d’archéologie à l’envers.

A savoir, qu’en archéologie on déterre des pièces ou des éléments de pièces constitutives parfois, de bâtiments détruits.

Tandis qu’ici, on se trouve parmi les pièces constitutives d’un futur de bâtiment.

L’ami très "lettré" de Ghislaine dit que le terme d’archéologie est impropre et qu’il faut parler alors de néologie.

À suivre!



La miroir à double face, Ghislaine

24.7.07

 

Mardi 24 Juillet


Journal de l’aventure céramique danielle, aux Ateliers Thérèse Neveu.




Les pièces sorties du four, cuisson « or » hier soir, me plaisent à la folie.

Je ne pouvais m’en détacher et je n’arrivais pas à me résoudre pour rentrer chez moi.

Merci à Antoine qui m’a aidée pour cette opération difficile de sortie des cuissons et de nouvel enfournement.

Il y a parfois une telle symbiose entre certaines de mes productions et moi, que ces pièces abouties enfin, sont presque accouchées.

J’entre en émotion avec chaque détail, jaugeant les résultats des couleurs, centimètre par centimètre, avec cette sensibilité spéciale au regard de l’artiste, que seuls, les pratiquants peuvent apprécier.

Je sais en ce moment d’évaluation, si cela tient la route ou pas, ou si cet excès de défaut fait justement la qualité ou non.

C’est comme les « balades » dans New York, en ces moments-là, on aimerait partager l’expérience, les estimations et l’émotion, être en couple.

Mais la solitude est le propre de l’artiste!

Seule, seulement, toujours à fleur de peau, à fleur d’émotion, sur le fil du rasoir de tous les choix de réalisations, et de prises de positions.

Malgré l’immense gentillesse de tous les innombrables visiteurs majoritairement optimistes, et celle de tous mes partenaires aux ATN, seule, à définir les options et réactions, pour savoir demeurer raisonnable, tout autant qu’un tantinet excentrique à tous les sens du terme, comme il se doit!

Je ne sais pas qui lit ce journal de bord appelé « blog » mais je vous embrasse tous.

Danielle.


23.7.07

 

Lundi 23 Juillet



J’ai travaillé en acharnée, jusqu’au soir pour mettre en couleur et attendre la mise en marche d’une cuisson à 770°.

Bien que,

La barre au projet débarre.

Je barre les barreurs.

La barre est un trait en continu.

Entre parenthèse.

Entre parents et consanguins.

J’oublie de me « barrer ».

En tout ce monde,

De la payée Holiday,

La couleur que tu cherches en brûlant tes yeux, n’existe pas.

Leur mille et une trente quatre heures,

Font oublier l’heure et les combats de cœur en Soul portée, dans la cuisine des productions ahurissantes,

Hors normes.

Around,

L’enthousiasme est de surface, et le cœur manque de sang, de sens et d’unisson.

Ils se barrent et baladent.

Araignées du matin, chagrin.

Nid de lucioles qui oublient de phosphorer, trapèze traceur en trémolos travelling, odyssée voyageuse d’autiste pour artiste. Ineptie en contresens, nez sans odorat, emmitouflé, précautionneux.

Sans armée, je semble chevaucher des chevaux qui n’existent pas..

Chevalière sans Chevalier vrai,

Ma guerre décourage et s’étiole lassée d’attendre l’enthousiasme et l’engagement au-delà.

Etoiles en Paradis, vous, les enchanteresses, ô mes si belles du rêve, soyez mes Voix,

Conduisez-moi hors tous les découragements, sur la piste lactée de l’accomplissement de mes formes renouvelées, des cuissons miraculeuses, des émaux divins.


Pour un plan projet gagnant gagneur, sans route déviée, sans autre destination ou issue de secours.


21.7.07

 

Vendredi 20 Juillet



La visite de la Maison de "Celle qui peint"....

Aujourd’hui grande émotion. J’étais invitée avec deux de mes petits camarades de boulot à manger chez Danielle Jacqui. La maison de celle qui peint à ciel ouvert était pour moi jusque là une énigme. A chaque fois que je passais devant je me disais comment est-ce à l’intérieur ? Y a t-il autant de choses créés qu’on le dit ?

La réalité dépasse ce que j’avais pu imaginer jusqu’à présent. Mais ce n’est pas en quantité que cela s’apprécie. Le nombre compte peu, malgré l’affluence. Où que tu te tournes il y a une nouveauté à découvrir. Un détail qui t’échappe ? Non pas un des centaines. Et chaque fois tu sens que l’objet posé, la matière utilisée, la couleur choisie…. Rien n’est le fruit du hasard. La cuisine, la salle de bain, l’escalier, la poignée de porte, le volet, l’abat jour, le frigo, le couvercle de la soupière. Et la seule question qui me vienne c’es t Danièlle où vas –tu trouver tout cela, quelle énergie magique est en toi qui fasse que tu ne t’arrêtes jamais ? Le summum de l’émotion je lai ressenti dans la « remise ». Tu parles d’une remise !, la caverne d’Ali BABA où même les 40 voleurs ont dû sortir tant ils étaient étourdis. Une richesse incommensurable, une richesse de créativité. Là une statue qui n’a de statue que le nom car elle semble toujours en mouvement. Une apposition de boutons de mercière mais pas posés à la ramasse. Comment ces yeux qui me regardent peuvent-ils tant m’impressionner alors qu’ils sont là posés sur une pelote de fil, elle même recouverte de plastique. Aucune technique ne lui échappe. C’est tout simplement hallucinant.

Comment peut elle simplement en retournant un petit abat jour, faire vivre un mamelon d’un tel érotisme. Il es rond, rebondi, ferme on a seulement envie de le prendre dans ses mains et de le caresser et pourtant il est en verre, froid, rose pisseux…Cet érotisme d’où vient il ?

Je ne trouve pas forcément les mots pour exprimer ce qui se passe en moi lorsque je suis devant une des créations de Danielle, que ce soit dans sa maison ou aux ATN. Il y a encore trois ans j’ignorais tout de ce que l’on appelle, l’art brut, l’outsider art, les singuliers…

Et en même temps j’ai l’impression d’avoir toujours eu en moi des personnages qui ressemblent aux poupées de Danielle. J’ai souvent imaginé de grandes statues faites de tout ce que je trouvais sur la plage de Pichelèbe, l’hiver après la tempête. Ces morceaux de bois flotté que l’on trouve dans ma voiture ou posé chez moi. Ils sont en attente de quelque chose et chaque fois que je vois une nouvelle œuvre de Danielle, je pense à mes bouts de bois. J’imagine que ça a à voir avec ce que l’atlantique et les landes représentent pour moi. Les souvenirs d’enfance, papa, maman…Mes racines qui n’en sont pas de vraies. Mais les racines n’est ce pas tout simplement les odeurs de l’enfance, les rencontres de ces moments là…



Sophie Pehaut Bourgeois


19.7.07

 

Jeudi 19 Juillet





Mes amis de Berne, L.L., sont venus voir l'exposition des fabrications réalisations céramiques aux ATN, l'autre après midi et ont apporté les photos qu'ils avaient prises de la Murale "Jade" à Roquevaire, lors de leur dernier passage.
Ils aiment bien photographier mes oeuvres dans les détails et j'aime ces révélations autres, que la vision globale, de cette réalisation de 50m de long faite en 1999 et terminée en 2000. (une année de travail, jour après jour).
J'ai toujours considéré cette action "génèreuse" comme un "cadeau" fait à la Ville de Roquevaire, en accordance d'idée avec le propriètaire du mur qui offrait ce magnifique support et fournissait les couleurs!
Il est évident que, comme toujours il y avait eu des grincements de dents et des petites mesquineries, mais nous avons reçu tant d'assentiments et d'enthousiasme exprimé, qu'il nous est permis je crois d'oublier les esprits chagrins.
Il y a des moments comme cela où le moral chute, et où ce quelque chose, qui paraît injuste blesse l'âme.

19 juillet 2007
Danielle Jacqui.

18.7.07

 

Mercredi 18 Juillet















………… «Le chameau est celui qui marche dans le désert, là, où la nouvelle forme n’existe pas »………….

L’enfant est l’énergie vitale de la transformation……….. »

Merci à ceux qui sans le savoir, pour moi illustrent en images philosophiques, ces donnes que j’ose m’approprier.

On me demande souvent à présent de préfigurer l’installation de mes structures sur une image de la « Gare ».

Afin de donner une idée……

Je réponds que cela entre dans mes projets, mais que cela sera sans doute tout un thème de travail et que je suis dans mon temps de « Résidence d’Artiste » avec, pour l’instant, une date butoir de fin.

Par conséquent il me paraît judicieux, de ne pas éparpiller mes tâches, de ne pas gaspiller le temps de réalisation et de cuisson, pour utiliser au maximum et sans gaspillage les moyens mis à ma disposition.

Aussi, j’insiste sur le fait que je suis et demeure en état « d’ANARCHITECTURE », et que le montage en ce cas, a intérêt de se faire au filling, le plus intuitivement possible, et que les prés plans auxquels il faudrait peu ou prou se rallier, risqueraient fort de gêner les chances de l’imprévu.


Pour l’instant je suis comme le chameau dans le désert, et comme pour mes spectateurs, la nouvelle forme n’existe pas.


Sauf que l’image de la Gare est en face de moi, et que je ne saurais l’oublier,

et que, dans ma tête l’Architecte suprême, a, je suis sûre, l’énergie vitale de l’enfant et le projet conçu et réalisé de « la Transformation. »

On me parle aussi de cette manipulation opérée « out me », de superposition de la façade de ma Maison, sur la façade de la Gare, qui pourrait suggérer le projet futur, et donner une idée aux gens.

Je réponds que je ne suis pas d’accord, pour que d’une façon générale on opère des sortes de patchwork en intervenant sur les images des artistes.

Sur les miennes en tout cas.

Cela peut en plus, prêter à confusion, et décourager ceux qui ne désirent pas voir une deuxième façade de La Maison de celle qui peint.

Je dis aussi, qu’un artiste peut faire des séries répétitives, sur thème unique dans lesquelles la transformation vient de la variation du détail.

Mais celui qui n’arrêterait pas de se reproduire a des chances de ne plus être un créateur et de devenir son propre artisan.


Je pense donc qu’à présent il y a suffisamment de pièces constitutives réalisées et exposées aux ATN, pour que le public (qui ne s’en prive pas d’ailleurs), désireux de se faire une idée puisse venir voir et en réfléchir, ou en discuter avec moi, s’il le désire.


Merci de votre attention.


Danielle jacqui.


17.7.07

 

Mardi 17 Juillet



Les arbres poussent et dissimulent aux yeux des passants d’en face, la Maison.

Si bien que, mes amis Américains qui suivent le Tour de France, n’ont pas de souci à se faire à ce propos, « On restera, ‘caché »-« gâché’ mercredi 18 juin, lors de la petite effervescence sur la route de l’autre côté du Pont...

Des gros fly, tentent de s’approprier l’intérieur en pénétrant par effraction le soir quand les lumières sont allumées et je fais fly-fly avec du produit pour m’en protéger.

J’ai toujours un peu le why!

Un peu de nostalgie.

Un doute installé qui tente de détruire mes certitudes.


Le Four cuit lentement tous mes « biscuits et il faudra encore bien des attentes, avant que de n’en finir, et de réaliser successivement les mises en couleurs.

Mais tout se mérite, dans la vie.

J’aimerais savoir entrer dans « l’histoire » du Chameau des sables, et du Lion qui tue le Dragon, et de l’enfant qui s’approprie la société en devenant cultivé.

Mais je ne parle pas suffisamment bien en anglais.

Utiliser la société ou être utilisé par la société, c’est une erreur de débat.

Le mot « utilisé » dans les deux cas, me dérange.

Sans les autres et leur affection, je ne suis rien, mais dois-je forcément les appeler: la société?

On vient au monde seul et c’est ainsi que l’on en repart aussi.

Il faut savoir mesurer les règles établies, et inventer ses tangentes.

Traverser les gouttes sans se faire mouiller, (même si la douche lave!).

Transcender, trouver sa voie royale, en essayant de ne pas se tromper.

C’est très difficile car on n’a pas de barème de fiabilité pour se mesurer.

On a toujours l’impression de marcher sur un fil.

Il n’y a pas de niveau.

Mieux ou plus mal, c’est affaire de chacun, la difficulté.

Il y a des bons animaux comme des bons humanoïdes, et des moins bons.

Il y a surtout, plusieurs côtés en nous, et c’est ce tout, qui nous rend performants et vulnérables aussi.

En modelant mes pièces, il m’arrive d’être la Lionne, et je rencontre le Dragon.

Mais on ne saurait tuer le Dragon.

On fait « avec », car on le sait, il est immortel.

On sait que traversé par le feu de toutes les cuissons, il oubliera de cracher des flammes.

Il deviendra souple, accompli. Coloré, chatoyant d’or et d’argent.

Une œuvre d’art pour l’Eternité.

Même si comme dans ce premier film de mon enfance, les amants pétrifiés par le Diable, ont le cœur qui continue de battre.


13.7.07

 

vendredi 13 juillet



J’ai toujours pensé prioritairement, à mon lieu de vie: Pont de L’Etoile.

C’est en ce site que j’ai tenu boutique de brocante vingt années durant.

Je le connais à toutes les saisons, à tous les temps et à toutes les heures

de la vie.

Cet endroit merveilleux, sur le Pont duquel, passent sans doute 20.000

voitures par jour, est un lieu de transit, entre Aix et Marseille,

ou, Aix et Gémenos.

En été surtout, lors du passage des touristes en migration, il y fait trop chaud, (nous avons entre autres perdu tous nos platanes).

L’attrait de la cascade ou de la rivière, s’oubliait naguère, dans le passage incessant et surchauffé, des files de véhicules, et les difficultés de parking.

Dès lors je fus obligée en ces périodes, de délaisser ma boutique et de m’astreindre au très intéressant mais dur métier pour moi, du commerce itinérant sur les foires et les marchés, en des lieux plus médiatiques.

C’est ainsi et pour renverser cette difficulté, de manque d’attrait touristique et culturel, qu’entre autres raisons, et au-delà de mon amour du décor sauvage et du théâtral, j’avais décidé un jour de réaliser la façade de ma Maison, anarchitecturalement.

Ce but est globalement atteint, bien que la mention puisse mieux faire pourrait être envisagée, si l’on acceptait de faire une écoute de mes suggestions.

Tout aussi bien, j’ai accepté de réaliser « généreusement » ( 1 an de travail) le décor du mur du Site Jade entre Pont de L’ETOILE et Roquevaire.

Sur la même lignée d’intention, j’avais imaginé, d’initier et de perdurer avec la création et la réalisation du Festival d’ART Singulier à Roquevaire, dont nous sommes ici les inventeurs ne l’oublions pas.

D’aucuns disent et je l’espère sans se tromper que nous sommes donc: La Référence.

Les inventeurs!

Avec des options et une éthique, qui faute sans doute d’avoir été en quelques sortes labellisées, sont déviées un peu partout d’une façon quasi générale, à ce point que, si nous désirons demeurer pur et dur, quant à nos intentions nous sommes en difficulté.

Les circonstances veulent que, Le Festival, né à Roquevaire, soit à présent adopté à Aubagne, que nous remercions.

Tout autant que, pour le plus grand de mes bonheurs, je puis officier aux Ateliers Thérése Neveu, à Aubagne, en suscitant un projet en constance d’intention, qui pour le moins fait réfléchir et suscite des enthousiasmes.

Tout cela pour dire:

Qu’il est véritablement intéressant que dès à présent des gens, habitants d’Aubagne et de la contrée entament une réflexion sur le projet » de la Gare », et des nécessaires complémentarités que cela va susciter dans la ville.

Mais qu’aussi bien, le lien s’établisse aussi avec l’alentour, irradiant jusqu’à la « Maison de celle qui peint », et sur tout l’environnement qui ne doit pas être le grand oublié.

L’arrivée triomphale sur Aubagne doit être pensée, à mon sens comme une ouverture sur la Vallée de L’Huveaune, dont tous les habitants sont solidaires, tout autant que sur la ville...

Je me réjouis, de recevoir tant de monde aux ATN, c’est très gratifiant et divertissant.

En même temps cela est parfois perturbant au niveau de la nécessaire concentration que réclame « mon travail ».

Il ne faut pas oublier que j’ai pour l’heure, une date prévue de fin de Résidence avec un programme chargé de cuissons, de mises en couleurs, et de réalisations, qu’il me faut faire, le plus rapidement et surtout le mieux du mieux possible.

J’ai pris un grand plaisir avec les jeunes de Stains hier après midi.

Il y avait parmi eux quelques éléments pour lesquels j’eusse aimé, disposer de plus de temps.

J’espère qu’ils auront pris plaisir à notre rencontre.

Cela dit, je ne puis m’éparpiller.

Les gens qui s’éparpillent et ne savent pas se concentrer sur un but principal ne peuvent pas faire du bon travail.

Je suis occupée sur un but principal et déterminé, c’est la raison pour laquelle je suis si exigeante, à préserver ma tranquillité.


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