31.7.07

 

Mardi 31 Juillet





Sœur, Soeurette, Sorellina, Sorellita.

Ma petite sœur Eveline,

Je te souhaite un bon anniversaire.

Même pour toi qui est plus jeune, on ne compte plus les bougies qui s’entassent année après années.

On aurait cru que cela allait durer toujours,

Tant pis, tant mieux, pour l’instant, nous sommes, et je te souhaite tout le bonheur du monde encore et encore.

Plein champ,

Plein temps, Belle vie, Bonne vie.

Et de l’amour toujours,

Et du succès dans tes recherches.

Je te fais la bise.

Danielle.

Je prends beaucoup de temps en recevant les gens qui viennent visiter l’Atelier aux Ateliers.

L’artiste C. est venu m’y rendre visite, l’autre après-midi, avec sa compagne.

Nous nous entrevoyons depuis longtemps, et ce sont des moments de respect mutuel et d’échange très agréables.

La dernière fois que nous nous étions rencontrés, c’était en 1998 à Lausanne.

J’étais devant l’entrée de la Collection de l’Art Brut, et lui, sortait du Musée en face, où il exposait.

Curieuse rencontre pour des artistes du même village.

Mais il n’y a pas de hasard.

C. dit qu’il est un peintre bourgeois, parce qu’il réalise des commandes qui se vendent dans les lieux prévus pour cela.

Je ne sais pas si le terme « peintre bourgeois » est le bon, et peu importe, mais il situe bien vu de l’extérieur, et par opposition, « le peintre singulier ».

Y aurait-il dérive?

J’avais reçu la veille deux hommes dont l’un se proposait de monter un site concernant les artistes singuliers, afin disait-il qu’il existe un répertoire et que l’on sache où les trouver.

Mais comment faire?

Sont-ils singuliers tous ceux qui prétendent l’être?

Existe-il des peintres singuliers tout court et des peintre bourgeois déguisés en singuliers.

Doit-on tous les citer, ou doit-on vérifier un peu, et doit-on faire des chapitres et des boîtages.

Je m’en fiche, je n’en fais plus partie, je suis dans la catégorie des anarchitectes et des concepteurs d’œuvres visionnaires.

Je ne suis ni en file, ni chef de file, je suis « out ».

Outsider Art, et à présent Outsider Art céramiste.

Je suis dans un combat singulier, où les tenants de l’art singulier français n’ont pas mis les pieds jusqu’ici, en dehors des Caire toujours présents pour accompagner et témoigner de l’Aventure.

Je suis solitaire dans l’Aventure.

Mais peut-être n’ai-je pas assez lancé les fusées de détresse, nécessaires, dès lors que les réactions timorées de tout bord, tentent de m’anéantir ou en tout cas de me négliger et d’envoyer mon travail aux oubliettes, pour se débarrasser du problème.

Une dame de grand âge est venue me rendre visite hier matin.

J’ai tout de suite compris qu’elle ne faisait pas partie des amis de mon projet.

Elle a regardé la magnifique boule appelée Marie Antoinette par un visiteur, et elle a porté la main à son cœur soulevé, en disant à demi voix, non, non, ce n’est pas possible.

Une seule chose oui! mais pas tout cela!

Je me suis approchée et elle a dit, vous êtes Madame Jacqui?

Ah!Je suis heureuse de vous rencontrer!

Vous ne devez pas toucher à, notre gare!

Notre gare de Provence, c’est notre enfance, nous avons été élevés avec!

Elle a ouvert son sac et sorti une petite liste de pétition, contre le projet, écrite d’une écriture tremblante.

Je lui ai parlé gentiment, je lui ai expliqué que j’aimais sa franchise, et que j’acceptais tout à fait sa réaction, et que je ne voulais pas entrer dans un conflit, et que je sollicitais même son amitié.

Nous avons alors fait un tour de la salle et de l’exposition des réalisations.

Cette dame trouvait « beau », ici et là, plein de choses, et s’avérait connaisseuse.

Elle disait même avoir travaillé aux Ateliers Thérèse Neveu.

Petit à petit, l’atmosphère s’est détendue, et elle a voulu en savoir plus sur le projet.

Pour un peu, elle aurait fait des suggestions participatives.

Je lui ai demandé d’attendre avant de déposer son avis négatif, de réfléchir, et de revenir ensuite.

Elle en a été d’accord et je lui ai offert mon amitié, quoiqu’elle en décide.

Elle a répété qu’elle avait été très heureuse de me rencontrer.

Quant à moi, je suis sûre qu’en prenant plaisir, en déclenchant n’importe comment ce type de réaction, sur des gens dont l’esprit est formaté traditionnel, non préparés à une culture différente, sans avoir tenté d’expliciter les choses, on n’est pas innocent!

Face à cela, je n’ai que le poids de ma sincérité.


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