8.4.09

 

texte de Marie Tomasi (atelier d'écriture)



Texte de Marie Tomasi


Dans l'atelier de Celle qui peint

1. Dans la pénombre de l'atelier, une scintillante sirène au visage bariolé semble vous contempler de toutes les taches de sa face, de tous les cotés à la fois et son sourire monte et descend parce qu'elle est gaie et triste, encourageante et suspicieuse, amusée ou ironique, après tout c'est à vous de voir. A vous de voir qui regardent ces myriades d'yeux. Vous les voyez, mais que voient-ils, eux ? Vous vous interrogez sans trop chercher de réponses, en laissant les questions déambuler avec vous mais quelles questions se posent-ils, eux, les sirènes, les poupées et les monstres javanais ? Derrière leurs billes de verre, leur bouille de fer, leur rondeur de poupon déglingué, leurs yeux cernés de bleu, de vert et de paillettes ? Ecoutez les, ils sont perplexes : « Pourquoi n'etes vous pas aussi chamarrés et pailletés, vous ? Vous avez l'air inquiet ? Nos membres de tissu vous chiffonnent ? Vous voudriez les memes, allez y, servez-vous... Comment voulez-vous que nous soyons amis ? Voulez vous danser dans notre théatre, vous, là, qui souriez ? Croyez-vous seulement que vous y arriveriez ? »
2. Cet empilement de nécessités me donne la nausée.
Tous ces vieux clous tordus, ces bouteilles vides, cette paire de ciseaux là par terre, presque fondue dans la rouille qui vous contemple elle aussi depuis son immobile absurdité et semble vous dire : « Oui, je suis là, et pourquoi pas ? C'est aussi une nécessité que je sois là. » Ces lambeaux de tissus, ces colliers de pacotille, ces cailloux, ces carreaux, ces tetes de poupons en pupille, cette verroterie, ces étoiles en sautoir, ces bouchons de bière en étoile de mer et vous savez que, là, tout ce monstrueux est nécessaire, tout est à sa place, mais ça ne vous laisse pas tranquille, ça part au milieu de l'estomac et ça déborde, ça coupe le souffle. C'est beau mais c'est pas ça qui empeche de respirer. Comme un plat indigeste, comme des amis qui vous racontent des blagues et on rit et on sait au fond qu'on n'en retiendra aucune. C'est ça qui est terrifiant. On voudrait tout absorber mais c'est indigeste et votre estomac vide se convulse en vain.
Envie de vomir au milieu du trajet, ça arrive. Faut s'arrter. Prendre l'air frais, calmer l'emballement. Va te promener. Va les voir de près. Prends ce petit estomac palpitant dans tes mains, caresse le, réconforte le et il va déployer ses ailes, tu verras.
3. NU en capitales bleues pour apprendre à lire, démesurées, énormes. Mais il ne s'agit plus là d'apprendre mademoiselle. On marche comme un chat précautionneux. S'adapter aux bizarreries, glisser entre les totems, lentement, pour s'y fondre. Si je me pose là, devant ces toiles tortueuses, devant ces chemins chamboulés où d'inconnus soleils éclatent parfois, peut-etre finira-t-on par voir à travers moi mes entrzilles tourneboulées, à nu. Voyez-vous ces dégoulinements, ces gluances, ces agglomérations de rouge sang et de perles sur les murs ? Savez-vous que vous vous promenez là au sein de mes intestins ?
Comme un chat, on vous l'a dit, à pas feutrés. Vous pouvez etre émerveillés, vous y etes, touchez le du doigt, c'est là. Et c'est beau. Vous ne le saviez pas ?
NU. Et il y a un gros O. O NU, comme le début d'un ode, d'un chant. La sirène au nez doré me sourit. Oui, je veux bien danser.


Ecriture automatique
Les oiseaux qui y boivent ont des maladies bizarres
Comme un soleil sur la joue
on s'y enfoncerait jusqu'aux coudes
dans un grand pépiement strident
Et cette femme aux bijoux bigarrés sur mon chemin ne m'empêchera pas
de découvrir ces mondes dominés par des crabes et d'autres crustacés aux carapaces couvertes d'algues mauves
comme en récompense d'une danse envoilée.

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