7.4.09

 

texte de Dany Schinzel (atelier d'écriture)




Texte de Dany Schinzel


Respire


Je suis d'abord sans voix : toutes ces créatures me regardent effrontément, elles se taisent, elles semblent m'interroger, quelques autres détournent le regard. Mon coeur s'emballe, ma respiration se fait plus haletante, comment soutenir ces regards ? Elles semblent avoir traversé des millénaires, parcouru la terre entière, avoir fait toutes les guerres et vécu les plus belles histoires d'amour aussi. Moi, je n'ai qu'un demi-siècle. Qu'ai-je vu ? Qu'ai-je vécu ?
Respire s'il te plaît respire
Cet instant unique, magique, poétique, cette grandeur, cette autorité, cette richesse, cette atmosphère ajoute encore à mon humilité, seule qualité qui me paraisse incontournable encore et toujours et absolument nécessaire.
Je t'en supplie respire
Vois ces carafes en rideau de douche... Toi qui ne sais comment disposer les tiennes et qui les ranges sagement ordonnées sur une vulgaire étagère. Ca fait longtemps que tu dis qu'elles ont l'air bête et emprunté ! D'ailleurs tu n'aimes pas le sage, le raisonnable, le rationnel.
Alors respire laisse-toi happer
Le foisonnement le chaos coup à l'estomac uppercut en plein coeur, oui je veux de la couleur de la profusion de la forme du rythme, je veux me laisser submerger jusqu'à me noyer, je veux tout avaler jusqu'à m'en étrangler, je veux regarder goulûment à en devenir aveugle, écouter à en devenir sourde, je veux m'en habiller m'en faire une nouvelle peau moins sèche moins égoïste. Je veux... je veux... je veux oser risquer me risquer, je veux que cette liberté m'atteigne au plus profond, je veux la faire mienne.
Respire et tend tes sens
Casse et assume ta solitude chante ton âme chante tes tripes libère ton chemin libère des chemins libère les chemins





un ciel trop grand une maison trop petite des idées noires saugrenues des grenouilles à décérébrer ton sourire en coin l'air affable boucher charcutier écrivain artiste artisan coupler la Somme et le Pas de calais Méphisto y est né Méphisto le gros Méphisto le poilu moins poilu que le dentiste de Nathalie une dent dans l'espace l'espace comme lieu à découvrir vierge de tout signe comme véhicule rencontrer ceux qui ont des ailes à la place des oreilles des mouches se mouchent dans les mouchoirs noués de mes tiroirs turbans blancs se tortillant sur le parquet ciré

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