24.3.09

 

Le courrier de Viviane Rommelaere.

j'ai écrit ça, sous ta porte...
ça me plaît bien, même si ce n'est que virtuel. Moi, je me suis fait embaucher pour parler d'art brut à l'Université du Temps Libre du Trieux, je commence à faire la plan (c'est pour mai), je compte parler de ta démarche... J'étais venue l'été dernier... Je vois que tu continues à foncer. Moi un peu moins, à cause d'un AVC... J'espère que ton projet se réalisera bientôt: il y a une telle énergie en toi. Viviane L’art brut. Un tableau. Un feutre. Que savez-vous de l’art brut ? C’est quoi pour vous ? On passe quelques minutes d’un film de Jean Linard: est-ce que c’est de l’art brut ? Définition de l’art brut, par Jean dubuffet: ” La culture a proprement déconsidéré la création d’art. Le public la regarde comme activité ridicule, passe-temps d’incapables, inutile et oiseux et, par là-dessus, coloré d’imposture. Celui qui s’y adonne est l’objet de mépris. Cela vient justement des formes qu’elle emprunte, conservées du passé et réservées à une seule caste (1); elles sont étrangères à la vie courante. La création parle une langue rituelle, une langue d’église. Le regard que l’homme de la rue porte à l’artiste est à peu près le même qu’il porte au curé. L’un comme l’autre lui paraît officiant d’un cérémonial totalement dénué de portée pratique. Il n’y aura d’affection et d’intérêt du public pour les poètes et les artistes que lorsque ceux-ci parleront la langue vulgaire, au lieu de leur langue prétendue sacrée. Si au lieu de mettre en tête des gens du commun que les mises en forme culturelles usuelles sont les seules admissibles pour la création d’art, on leur suggérait d’inventer eux-mêmes des mises en forme inédites et convenant à ce qu’ils désirent faire, des moules qui se prêtent à la nature propre de leur pâte, on verrait, je crois, grand nombre de gens s’adonner à la création. Ce sont les moules offerts qui les rebutent, moules dans lesquels d’ailleurs on ne peut couler qu’une certaine sorte de pâte, qui n’est pas du tout la leur. Ainsi renoncent-ils. La culture excelle à empêcher les oeufs d’éclore. La culture a porté les choses à ce point que le public a le sentiment qu’il faut se contrefaire pour faire acte de production d’art”. (1) que Dubuffet qualifie de «possédante», et qui ne voit «dans la création d’art que matière à prestige et signe de puissance». Asphyxiante culture (1968, édition augmentée, 1986), Éditions de Minuit, pp.27-28. Pour moi, il y a 2 conditions: un art qui n’est pas appris, mais vient du fond de soi. un art qui porte la personne dans son entièreté Linard, ce n’est pas de l’art brut. Dubuffet non plus. _________________ Quelque part, un jour, dans mon propre itinéraire, j’ai mélangé peinture et écriture. La peinture, ce fut Smilowski (film sur Smilowski http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&num_notice=2&full=Smilowski%2C+Jean&total_notices=2 J’ai rencontré un de ses défenseurs, Dominique Cresson, à l’Atelier Populaire d’Urbanisme du Vieux Lille, au-dessus des Petits Frères des Pauvres où Smilowski passait parfois pour manger un repas gratuit. Il a habité dans le même bloc d’immeubles que moi, mais était mort quand je suis arrivée (il a tenu 1 an dans un appart). Ce qui est extraodinaire, c’est comment un homme seul vit 40 ans au milieu de ses peintures, au point de se fondre avec elles: son oeuvre, c’est lui, Ramona, c’est une héroïne de cinéma, et c’est sa femme. Il a connu la guerre, et a eu un accident de camion, qui l’a handicapé. Il ne lui reste que sa peinture. Il meurt quand on l’en sépare. Sa Ramona était visible à la Maison de Quartier. J’y suis allée avec un groupe de stagiaires en CAT, qui allaient vivre en autonomie et à qui il fallait donner envie de faire autre chose que de vivre devant la télé. Nous avons reproduit sa fresque. Les jeunes étaient très intéressés. J’espère qu’ils continuent à dessiner. Avec d’autres stagiaires, j’ai surtout travaillé sur l’écrit, sur la force des textes, quand ils rejoignent la force du vécu: celui des femmes qui passent du foyer à devoir se débrouiller après un divorce ou un décès, sans avoir d’atouts dans leurs mains. Des mineurs qui avaient vécu la fermeture des mines, et n’avaient pas trouvé de solutions à la suite, habitant des pays devenus fantômes. D’autres continuent aujourd’hui: http://www.art-insolite.com/pageinsolites/insorommelaere.htm (aller sur accueil) http://www.foutraque.com/inter.php?id=91(l’art brut au bord des routes de Bretagne) http://jacqui-residence-atn.blogspot.com/



Réponse de danielle
Bonjour Viviane.
Oui, je sais, on n'arrive pas à avoir les commentaires en direct.
Je le regrette vivement.
Mais on peut envoyer par e mail et je le passe sur le blog.

........Peut-être que l'on peut se dire que le prestige ne vient pas tout seul, que ce n'est pas gratuit, je veux dire par là qu'il faut donner beaucoup et longtemps, que ce n'est pas gagné d'avance, ni jamais gagné tout à fait, et que si prestigieux que l'on puisse être, lorsque l'on n'est plus de ce monde cela n'aide pas à nous faire revenir, et que si tant est qu'il existe un autre monde, il est probable que les valeurs, n'y sont pas les mêmes!
Mais il faut dire aussi que tout individu qui lutte, pour devenir prestigieux (croit-il) ou non, courre pour un miroir aux alouettes ditribué par l'usuelle compréhension sociale, et aussi bien sans s'en douter forge sa construction.
Le leurre en ce cas est positif.
L'essentiel est de ne pas s'en apercevoir trop tard.
Les gens qui se sont burinés à tous les coups, accoups, et contre-coups dans l'art, savent que cela ne donne pas la puissance, car on ne cesse de monter un escalier pour tenter de gagner le ciel et que chaque fois que l'on pense avoir gagné c'est à nouveau compromis et qu'il faut se mettre à l'ouvrage encore et encore.
Ce qui me plait dans ma vie actuelle, c'est d'être en contradiction avec moi-même,
dans mes rélisations.
Je dis "colossal d'art brut" pour mon projet et mes réalisations céramiques, parce que c'est le terme le meilleur pour plein de mes bonnes raisons.
Mais je me sens en même temps beaucoup plus en harmonie avec le terme dans mon jardin où je peux réaliser tout ce qui me chante, en "femme sauvage" sans respecter aucun impératif.
Suis-je en deux formes complémentaires et différentes concernant ce que l'on regrouperait "sous le vent de l'art brut" ou bien justement, l'art brut tout court peut-il se réjouir de ces deux oppositions créatives de la part d'une seule et même personne?




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