3.12.08

 

La Mère Alice


Je serais incapable de remémorer toutes les armoires visitées, en mon temps de brocante.
Plus je proposais de linge ancien à la vente, et plus on m'en proposait.
D'autre part, les armoires sont la fierté de certaines femmes.
Quand on entrait dans une maison, la dame faisait visiter d'abord, son armoire.
J'étais toujours impressionnée par ces piles de linge, si bien repassé et plié.
Ces armoires étaient souvent comme de véritables architectures.
Il arrivait qu'au centre de tout cela, je puisse trouver, une boîte à couture et des réserves de fils ou de boutons.
et dans les maisons les plus anciennes du matèriel de fileuse, des rouets, et forcément ces élegants coussins à broder, chargés de leurs bobines- cannettes.
Aussi bien certaines de ces femmes étaient des ménagères accomplies, mais il se pouvait aussi, que l'entretien de ce linge soit réalisé par la femme de ménage.
La mémoire est un chaudron dans lequel tout peut remonter à surface, pourvu que l'on déclanche l'ébullition.
C'est ainsi que partant de Ma Diva Super Nova........(Comment-va-t-elle?) je vais en arriver à la Mère Alice..........
Tu vois Marie, j'ai eu mon temps des "mémères".........
En effet, de ce temps-là en tout cas, dans ce village jurassien où habitait mon grand-père Louis, toutes les dames même les damottes étaient des mémères.
Et Alice, était "la mère Alice".
Elle n'était pas très grande et surtout bien filiforme, ses cheveux étaient poivre noir et sel. Elle portait toujours sur le nez une paire de petites lunettes rondes.
Ce n'était pas la pin up du siécle.
On la voyait eternellemment passer devant chez mon grand-père avec ses sacs, chargés de tous ces ustensiles de repassage.
Elle eut pu être une sorte de "Séraphine",et elle avait peut-être une passion, et une vie secrète.
Je n'ai rien jamais su d'elle, sauf, qu'elle était toujours aimable.
Elle se louait à la journée, à la demi- journée, ou à l'heure je ne sais dans les maisons, pour exercer son métier de repasseuse.
Elle faisait aussi bien, le repassage ordinaire que les spécialités très délicates: les tuyautages par exemple.
Je ne suis pas passéiste et j'adore le temps présent et tous les avantages qu'il nous donne.
Les gens n'étaient pas meilleurs, pourtant ils étaient plus proches.
Plus nécessaires les-uns aux autres.
Chaque artisan du village, était citoyen solidaire et nécessaire à part entière de l'autre.

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