29.6.08

 

Suite et fin du texte de Madame Anne Devroye-Stilz

0077Les neuves pistes de Danielle Jacqui en art singulier


……………….Extrait du catalogue ORGANuGAMME (Musée International d’Art Naïf ( Anatole Jacovski) Nice.
texte de Madame Anne Desvroye-Stilz (suite)……………..

…Son inventivité rôdée aux pouvoirs de l’anticonformisme, va désormais rejoindre les champs libres de l’utopie. A ce stade
de la démonstration, il ne faudrait pas en déduire qu’il
existerait une quelconque part réservée à la magie ou à
quelque pouvoir onirique totalement dépourvu de réalité.
L’utopie, avant d’être un état idéal, est d’abord un lieu
d’imagination qui ouvre sur tous les champs du possible et en
particulier des idées les plus réformatrices. Ainsi, cette notion
d’utopie s ‘accorde assez bien avec le principe de création de
Danielle Jacqui.

Pour s’en convaincre il suffirait de relire le jeu des perles de
verre de Herman Hesse. L’utopie procède ici d’une sorte
d’abstraction de la pensée et, selon un parcours initiatique, il
deviendrait possible de saisir tous les champs de la
connaissance sous toutes ses formes. L’utopie est donc le
champ d’action de tous les possibles à la portée d’une
pensée libérée,spiritualisée.

Ce serait donc le principe adopté par les créateurs
d’environnement architectural comme Hunderwasser, ou
Nicki de Saint Phalle pour le Jardin des Tarots, Gaudi, bâtisseur
De cathédrale de la Sagrada Familia…ou bien encore de
l’auteur des rochers de Rotheneuf ou du Palais Idéal à
Hauterives, œuvre du Facteur Cheval…

Dans ces cas l’utopie relève de l’insolite, du défi et, ces deux
points réunis, un état de profusion peut alors s’instaurer.
On notera que le principe d’harmonie est une constante
Dans la recherche de l’utopie. Or, ce même principe est
étonnant de vérité dans tout l’œuvre de Danielle Jacqui.
Que ce soit les objets de récupération, la palette des
tableaux, celle de la façade de sa maison ou des pièces de
céramique, l’harmonie artistique se décline sur les mêmes
dominantes. Ainsi selon un parcours qui tient au jeu de l’oie,
où les créations de tout ordre s’imbriquent et tournent sur
elles-mêmes, le caractère coloré joue le rôle du Ludi Magister.

D’une certaine manière, cet œuvre est iconoclaste.
À force d’accumuler les objets du réel, celui-ci se dissout
dans un réseau de couleurs, de lignes, de rythmes, de
matières qui l’emportent sur le sens figuratif.

C’est plus une alchimie de formes condensées à l’état libre
qui se transmutent sous l’effet de forces telluriques. Une
catharsis qui révèle un besoin d’existence et de résistance en
en même temps.
Danielle Jacqui entame sa carrière d’artiste au début des années 70, à l’heure où, de l’autre côté est des Etats-Unis, d’autres
créateurs entament un processus d’appropriation
architecturale par le biais du graffiti. Un travail libératoire,
envahissant, iconoclaste, qui couvre les murs de la ville pour
porter le sceau de leur existence, affirmer une résistance au système de valeurs sociales et économiques en vigueur. Un
geste de survie pour surmonter l’exclusion. Ces graffeurs ont
donné aux murs de la ville l’aspect dévorant de la jungle. Leur
peinture est couvrante, rageuse, le graphisme net comme
celui des bandes dessinées et la force de ces compositions
murales tiennent à leur instinct de l’horreur du vide.
Cette « culture » underground issue des quartiers populaires, visible dans les couloirs du métro ou dans les friches
industrielles, s’est répandue comme une volée de poudre en
Dehors des circuits des musées, des galeries, ou des magasins branchés.

Ces remarques soulèvent d’étonnantes questions à propos de l’œuvre de Danielle Jacqui.
Il est clair que sa démarche ne relève en rien de « liturgie »
hip hop. Cependant, à l’instar de ces artistes américains, elle
Se veut une plasticienne hors catégorie. Elle développe son art avec l’énergie de la résistance à certains codes de valeurs,
Tout comme ces adeptes du writting qui chantent la rage de l’exclusion. Le goût de la couleur, cette graphie qui écrit des
formes, cette surabondance de vie qui circule dans les
œuvres… dénotent un esprit qui se partage la
contemporanéité avec d’autres artistes.
A la question : « êtes-vous une artiste brute ? » Danielle
Jacqui répond : « plutôt une artiste bruto-naïve », ce qui se
traduit en termes d’analyste de l’art : une artiste contemporaine.


Madame Anne Desvroye-Stilz.

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