28.6.08

 
Danielle JACQUI


ORGANuGAMME
20 juin- 3 novembre

Musée International d’Art Naïf Anatole Jacovsky
Château Sainte- Hélène
Avenue Val Marie. 06200 Nice
Tel 04 93 71 78 33

Texte de Madame Anne Desvroye-Stilz
Conservateur du Musée
Pour le catalogue.

Introduire sur le territoire créatif de Danielle Jacqui n’est pas chose facile. Mille images viennent à l’esprit, toutes dans le désordre, toutes d’égale importance et cependant il n’existe
aucune confusion. La difficulté réside dans le principe
d’ouverture. Certes, il existe bien une chronologie dans son
œuvre mais on s’aperçoit très vite que le travail de Danielle
Jacqui est un tout : tout est dans tout. Cette expression totale
qui s’appuie autant sur le dessin, l’écriture, la broderie, la céramique, la peinture, la sculpture,l’assemblage ne pouvait
se satisfaire d’une définition lapidaire. Il fallait bien faire
appel à un « jeu de mots », un assemblage, peut-être
même une réduction de « mots croisés » pour embrasser synthétiquement le champ d’action de Danielle Jacqui.

Ainsi créé le Verbe, ce qui est à l’origine de la Création,
la genèse de toute chose.. Du moment qu’un élément visible
ou invisible est nommé, il existe et chez Danielle Jacqui son
œuvre s’appelle: ORGANuGAMME.

Michel Seuphor s’accordait avec André Breton pour dire:
« Prenez garde aux mots ils sont à tout le monde. Tâchez
d’en faire ce que personne n’en fait. »
C’était le moment où ils exploraient les multiples champs
de l’écriture automatique en préambule à ce que sera le Surréalisme.
Danielle Jacqui a retenu la leçon. Elle a pris garde aux mots
pour en faire… autre chose, tout comme elle en a déjà
l’habitude avec les objets: elle les rassemble, elle les fractionne, elle les assemble…et à terme elle a… le dernier mot!


ORGANuGAMME
Ce n’est pas un mot pour rire
Ce n’est pas un mot d’esprit
C’est un mot de passe
Mais pas un mot de trop
C’est un…mot d’ordre.
Nous, ses admirateurs, ses collectionneurs
Ou même ses détracteurs,
Elle nous a pris au mot.
Organe, organisation,
Nu, avec un petit u presque pudique…
La gamme que l’on monte et descend sans début ni fin…
Orgami,… polygamie pourquoi pas?
Qui ne dit mot consent!
Mais comme Danielle en souffle cent
Elle ne consent pas.
Elle a eu des mots, avec la vie.
Des mots qui frappent
Qui martèlent
Des mots légers, des mots clés
Des mots qui blessent
Et même des gros mots
Mais pas des grands mots.
Et ce u, tout petit au milieu d’une locution
Qui fractionne ou qui résiste
Et ce u qui fait Nu_
Comme la Mariée mise à nu par ses célibataires, même
De cet instigateur des ready- made
Qui s’intéressait tant au choses et aux mots.

Duchamp a créé des choses toutes faites
Jacqui avec des mots tout fait a créé des choses.

Danielle Jacqui ne décore pas sa maison.Elle l’habite.
D’ailleurs elle l’appelle La Maison de celle qui peint et pour le
Prouver elle couvre sa demeure de peinture, jusqu’à en faire
une œuvre d’art à l’instar de la Chapelle Sixtine. Nul ne se
risquerait d’appeler Michel Ange un décorateur, n’est-ce pas ?
La comparaison si osée soit-elle, ne s’arrête cependant pas
là. En effet, la commande du pape adressée à Michel Ange ne
comportait aucun programme précis pour le mur du fond de
la Chapelle. Il avait obtenu carte blanche. Aussi son travail a
t-il constitué essentiellement à occuper le champ libre de
cette architecture.
Danielle jacqui pour sa part n’aura d’autre prérogatives que
De « percevoir le champ de nos possibilités comme inépuisables », comme
elle dit elle-même. De fait, il s’agit de
rendre son cadre de vie à l’image de son appétit de liberté
sans limites, sans contraintes…Elle parle volontiers
d’ « anarchitecture ».


A suivre……..

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