18.5.08

 

vers un colossal d'Art Brut

Je me décide, après plusieurs longs mois de silence et de discrétion, effacée mais toujours vivante, sur occupée, dans un labeur quotidien qui ne se dément pas, à reparler directement de ce qui est devenu au fil du temps mon parcours présent et je l’espère pour un long temps encore: le seul, le vrai, celui qui vaut la peine d’être vécu.
La réalisation du colossal d’art brut, que je propose adaptable ou non, la décision ne m ’appartenant pas, en réplique de la façade de la gare d’Aubagne.
J’ai trouvé écho, auprès de notre ami Gérard Sendrey, fondateur du Site de La Création Franche qui a réuni au fil du temps plus de 12.000 œuvres d’artistes d’art brut ou singulier
Gerard Sendrey qui est un artiste internationalement reconnu lui-même, et un penseur.
J’ai souvent fait appel à ses connaissances, à ses conseils et il est dans ce qui est devenu un véritable courant artistique, l’un de ceux que je respecte le plus.
Je le remercie ici, d’avoir bien voulu écrire pour moi, ce qu’il pensait de mon projet.
Je le remercie et apprécie à sa juste valeur, cette capacité qui est la sienne, de savoir s’engager généreusement pour une cause qui lui semble défendable, dès lors qu’un artiste lui demande aide comme je l’ai fait.



Danielle Jacqui en gare d’Aubagne

Un projet farfelu comme il y en eut qui ne cessent de réjouir les visiteurs depuis leur conception par des bâtisseurs inspirés. Danielle Jacqui est la descendante du Facteur Cheval, de Robert Tatin, Adolphe -Julien Fouré et autres hauts décorateurs paysagistes qui ont offert à tout venant les produits d’un labeur acharné au service d’une créativité majuscule.

Non contente d’avoir fait de sa propre demeure une œuvre d’art multiple emplie de créations sur lesquelles on s’assoit, dans lesquelles on mange et tant d’autres qui font partie du quotidien à regarder, à manipuler, Danielle a imaginé d’investir la gare d’Aubagne pour l’élever au rang de lieu à classer dans le patrimoine culturel national. Elle lui offre de la sorte une double appartenance compte-tenu de celle restant incontournable de rendez-vous de voyageurs ayant le sentiment de fréquenter la dépendance d’un Louvre singulier et de s’y sentir à la longue comme chez eux. Fabuleux privilège inclus dans le prix du billet délivré par la SNCF, toujours omniprésente dans ces allées et venues.

Donc, Danielle Jacqui, à l’instar de ses prédécesseurs en d’autres chantiers, ne craignant pas l’ampleur de la tâche, s’est investie courageusement dans la mise en œuvre de sa créativité pour la transformation de cet élément du service public en véritable monument. Grâce à quoi de nombreuses générations, présentes et à venir, d’usagers ou de visiteurs, auront le privilège de pouvoir jouir d’un étonnant spectacle.

On pourrait en venir à se demander si cette personne qui fait preuve depuis ses plus jeunes années d’une farouche originalité n’inscrit pas en son for intérieur cette réalisation comme un hommage à une civilisation dont elle a su vivre ardemment les potentialités offertes mais qui montre quelques signes de retard par rapport aux fulgurantes avancées d’un progrès trop systématiquement livré aux mains de la technocratie. La gare d’Aubagne, comme tout un passé alors devenu encombrant d’édifices plus ou moins uniformes et seulement empêcheurs d’adaptation au temps venu, serait un jour ou l’autre, dans un futur rationnel, vouée à la démolition. Il est permis de penser que Danielle Jacqui veut lui donner longue vie en l’enrichissant d’un particularisme profondément lié à l’environnement artistique dans lequel cette artiste exerce ses talents singuliers. Son œuvre agira par ses vertus salvatrices sur cet immeuble banal dans son genre pour lui valoir l’intérêt d’une société toujours plus préoccupée de protection du patrimoine. Elle mettra aussi pour longtemps l’accent sur la production d’individus comme elle revendiquant une liberté puisée aux origines de l’expression dite artistique mais inspirée par les pulsions créatives qui ont accompagné, voire généré, l’évolution de l’humanité. Combien de conquêtes en tous les domaines, de modes, de comportements, trouvant leurs origines dans les œuvres d’artistes précurseurs ! Pour peu qu’on y consacre l’attention nécessaire, on trouve les influences de ces créateurs tout au long de notre histoire. Ils ont provoqué des réactions de la part des pouvoirs en place qui se sentent toujours menacés par toute novation. La véritable création est toujours subversive. Elle constitue souvent, même inconsciemment de la part de l’auteur, un refus de l’existant ou de ce qui pourrait lui advenir. Les exemples sont multiples mais le propos n’est pas ici de les énumérer. Il convient seulement de souligner combien l’entreprise de Danielle Jacqui s’inscrit, peut-être à son insu, dans cette dynamique. Il s’agit, pour une large part, de la sauvegarde d’un témoignage du passé en lui assurant un avenir. La qualité de la réalisation, son inventivité, la considération à laquelle elle obligera les décideurs du futur, tout cela constituera une barrière que les plus hardis dévastateurs n’oseront probablement pas franchir. Ainsi, notre amie, par la dimension hors du commun de son entreprise, dote d’une assurance tous risques ce bâtiment pourtant déjà désuet face aux architectures répondant aux principes actuels de modernité. Lesquelles seront plus tard revues et corrigées selon d’autres critères, puis bonnes à raser comme de vieilles barbes. Voilà ce que peut conjurer l’investissement de cette novatrice sur ce qui n’était pas avant son intervention un chef d’œuvre mais ne sera plus après en péril.

On peut considérer que pour ce qui la concerne personnellement, par rapport à sa carrière haut de gamme dans le milieu où elle s’inscrit, il s’agit d’un acte gratuit. C’est la gare d’Aubagne qui avait besoin d’une consécration. Pas Danielle dont les travaux sont exposés à travers le monde en des lieux réputés où ils attirent grande attention. C’est la gare d’Aubagne qui, pour sa protection, a besoin d’une reconnaissance de type artistique. Pas elle qui a déjà reçu maintes preuves de l’intérêt suscité par les dessins, les toiles, les sculptures qu’elle a conçus et qui ont parcouru les continents en recueillant les assentiments des amateurs les plus avertis.

Alors quoi ? Un coup pour le fun ? On s’amuse comme on peut. Danielle Jacqui nous montre qu’elle peut vraiment beaucoup. Bravo !

Gérard Sendrey

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