10.10.07

 

Mercredi 10 Octobre


Lorsque nous en avions parlé….., son problème, était que « la gourre » était en quelque sorte patrimoniale.

Et que donc ayant été toujours là,

ou « presque »,

il fallait conserver ce bâtiment en l’état et n’y rien changer jamais!

Il ne se donnait pas beaucoup d’ouverture pour une réponse positive, c’était visible.

C’était son argument.

Je l’avais écouté, et j’en avais réfléchi…

Et……………. décidé, qu’il se trompait.

À présent son discours a changé, mais pas ce refus ancré, qui ne laisse aucune ouverture positive.

Parce que même s’il y met les formes, il exerce un rejet à priori.

Il dit à présent, que sa crainte, c’est la médiation difficile pour ne pas dire impossible,

Pour rendre réceptifs une multitude paraît-il de gens simples, qui ne comprendraient pas, et auxquels mon art ferait peur.

Comment les faire accéder, se pose-t-il la question!

Comment leur expliquer?!

JE SUIS PERPLEXE DEVANT PAREIL RAISONNEMENT;

Perplexe, parce que pour avoir reçu près de 11.000 visiteurs, qui n’étaient pas tous des gens avertis en art, j’ai observé les réactions et pu constater, que non seulement je ne les effrayais pas, et que même le plus souvent, mon travail suscitait leur enthousiasme.

Les gens d’ici seraient-ils si délicats, qu’ils ne regarderaient pas la télévision et toutes ces horreurs que nous devons avaler journellement, tous ces films de série dans lesquels la motivation est toujours aussi lamentable et non exaltante? La guerre si souvent, et toute la culture dans l’air du temps, qu’au moins je ne récuse pas forcément et systématiquement!

Il y a sur les murs ici ou là, des dessins, des peintures, des tags, auxquels je reproche de ne pas rendre l’âme de son ou ses réalisateurs, mais d’être sous influence « manga ».

Les personnages ont des expressions très difficiles, qui vont parfois jusqu’à me gêner.

Personne, et surtout pas moi, ne demande de référendum dans la ville, à ce sujet!

Au moins, il y a quelque chose, une prise de parole!

Il faut croire que je suis encore plus dérangeante que cela!

Il a l’air de dire, ce Monsieur, que les gens qui venaient voir ma maison, ou ceux, si nombreux qui ont visité mon « atelier en résidence », sont des gens qui ont fait le chemin, et sont motivés, et le plus souvent par avance conquis, mais que je n’entendrais pas la sourde rumeur venue des profondeurs de la ville, de tous ceux qui refusent l’idée

de cette intervention mienne, sur un « bâtiment qui n’est « pas privé ».

A savoir que, j’oserais m’approprier un mur public!

C’est l’argument suprême!

Pour preuve qu’avec mon audace utopique, j’ai bien appliqué mon rôle d’artiste!

Mettre en question TOUT. Et interpeller les esprits.

Pourquoi un artiste, après tout, internationalement reconnu, ayant fui quarante ans durant, les lieux médiatiques, et ayant œuvré et établi sur place cette reconnaissance,

ne pourrait-il pas postuler, pour une œuvre sur un mur public?

Même si ma proposition ne se réalise pas, ce que j’imagine forcément, vous aurez tous été obligés d’en réfléchir.

Même si vous êtes frileux, même si vous êtes enfermés dans vos retranchements conservateurs, ou tout simplement, carrément jaloux!

Je lui ai demandé d’être juste et de penser aussi, à toutes celles et ceux qui s’expriment de façon très optimiste à l’idée de cette proposition, et aussi de penser un peu à moi, femme artiste, en phase totale depuis dix mois, sur une réalisation installation, performance, en butte à des choses très dures et parfois sournoises et imméritées.

J’ai soulevé, le grand problème de la culture et notamment millénaire, enfermée dans les musées, le plus souvent si tristement installée, verrouillée, protégée par des rayons lasers et des alarmes. Ces objets le plus souvent issus des mains du peuple, et qui, sacralisés, même à juste titre, lui sont confisqués.

J’ai tenté d’expliquer comment par exemple les étudiants en art, et autres, visitant ma maison, exprimaient leur satisfaction de se trouver dans un musée vivant, une porte ouverte et gratuite, où l’on peut parler, s’exprimer, poser des questions, suivre l’évolution d’une œuvre, toucher.

J’ai évoqué l’idée d’une murale 3D, véritable musée dans la rue, offert à tous, et surtout et avant tout aux plus démunis.

Parce qu’il est facile de dégrader le bien public, quelque part en expression de rébellion, lorsque ce bien est mécanique, quelconque, type cabine téléphonique ou abri bus, mais une œuvre d’art, fabriquée avec amour, foi et respect et qui quelque part, vous appartient, vraiment, c’est autre chose!

C’est mon idée, c’est mon utopie!

Et c’est ma force d’y croire!

Ce Monsieur a ajouté que mon travail qu’il respectait, paraît-il, n’était pas forcément créatif et que quelque part, en quelque sorte, c’était du déjà vu.

Ce à quoi, j’ai répondu que j’étais en recherche, et que, lorsque en effet, j’avais l’impression de marcher sur des pistes ouvertes dans les profondeurs de la culture humaine, j’en étais la première désolée.

On sait que nous sommes encombrés inconsciemment, et qu’il est difficile de se dégager.

Mais j’ai tout de même parlé avec des gens extrêmement sérieux et érudits, des archéologues, notamment, devant ce travail, et je sais quelle part ils ont pu rattacher à l’inconscient de la culture collective et ce qu’ils ont attribué, à la réussite de mon avancée propre.

Ce qui me permet d’avancer l’idée, qu’outre le fait que ce Monsieur manque de générosité, sa détermination, contre, a des raisons autres.

Mais à tout prendre, il a le mérite d’être utile.

De me mettre en questionnement, et après tout je l’en remercie.

A demain peut-être.

DANIELLE JACQUI.


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