11.6.07

 

Lundi 11 Juin


__Je veux ici remercier Pierre Architta qui est venu "enfourné" La Terrible" pendant mon absence de quarante huit heures.

Ainsi le cours des choses n'a pas été perturbé aux ATN, et j'ai pu faire une cuisson or durant le week end.

__Ce qui me caractérise, c'est cette possibilité qui est la mienne de pouvoir passer d'une technique à une autre, et que je ne suis pas limitée sur un seul moyen d'expression.

__Je dis que je suis dirigiste à l'extrême.

__Je n'ai aucune volonté de pouvoir en terme propre.

__Par contre en ce qui concerne mon "Faire", actions,projets ou réalisations, je pense que je suis la mieux à même de pouvoir exprimer sans trahison.

La Diva Super Nova, de l'autre côté du Lac, se porte bien.

Elle est entrée au sanctuaire des chefs d'oeuvres avec lesquels elle se sent en fraternité, et quels chefs d'oeuvres!

Respectée, à l'abri des périls ordinaires, de la poussière et de l'usure du temps.

Comme La Belle au Bois Dormant dans son Château, elle attendra qu'un Prince Charmant un jour peut-être, au regard éclairé, la rescussite d'un baiser d'amour.

Ce Seigneur, alors, se penchant avec attention sur "la belle ouvrage" de Danielle Jacqui, fera un point par point, en évitant les bévues, vues de loin d'ailleurs compréhensibles, d'appréciations non averties et succintes.

Ce Seigneur sans doute osera retourner l'ouvrage et le regarder à l'envers.....Claude disait que c'était encore plus beau à l'envers qu'à l'endroit.

Il faudra se rappeler alors, de tout le parcours de la réalisatrice, que je fus.

Le créateur est obligé" de partir de ce certain moyen, qui lui est propre ou que les circonstances lui imposent.

S'il est enfermé, privé le plus possible de moyen d'exprimer, et de moyens d'expression, il va se servir des moyens du bord.

C'est ainsi qu'une telle, a pu tirer les fils de ses draps ou me souvient-il d'un travail vu ailleurs des fils de laine de ses chaussettes.

De même qu'un artiste dans la montagne, fabriquera ses pinceaux avec les poils de ses chèvres.

Mon aventure fut heureusement pour moi, vécue en liberté.

Quand je le pouvais j'achetais mes fils, qui étaient d'ailleurs véritablement onéreux, ce qui demandait d'énormes sacrifices.

Parfois et de par mon métier, les fils venaient à moi, soit parce que dans l'une de "mes adresses" de brocante, j'en trouvais un tiroir ou un fond de boîte à couture, soit parce que sur mes marchés, à force de me voir broder, les gens avec lesquels mon aventure a toujours été en interaction m'en apportaient.

J'avais toujours été attirée par la broderie, alors que je détestais la couture, à cause de la volonté pédagogique insensée que l'on nous faisait subir à l'école de mon temps à ce sujet

J'avais brodé pour moi un corsage dés l'âge de quinze ans, avec des sujets libres et des points liberté.

Sur mes espaces de brocante je ne pouvais accomplir ma passion de la peinture, et je m'étais mise à broder ce qui était plus compatible avec mon métier.

Bien que ce fut un beau métier que celui de brocanteur, c'était un travail obligé, harassant, et dur.

C'était en quelque sorte mon "enfermement".

En brodant et en pratiquant conjointement mon activité artistique, je transcendais tout, je me singularisais, je contournais et je m'échappais.

Au début j'accomplissais des dessins sur les chemises anciennes dont je disposais, que je brodais en suivant le tracé, et je me proposais de commercialiser, et les broderies et les chemises et les dessins. J'invitais ainsi les gens à broder eux-mêmes des chemises originales.

Mais ce travail n'avait jamais été lucratif.

Les gens habitués aux discussions des prix de brocante, ne mesuraient pas le travail ni l'investissement.

Aussi très rapidement j'avais abandonné les chemises pour broder sur drap.

Je ne dessinais plus, mais je réalisais mes peintures avec le fil.

Il fallait une journée pleine de travail apesanti pour réaliser 3 cm2.

Et encore en travail simple comme c'est le cas de la première grande broderie, celle qui constitue

majoritairement la jupe de La Diva Super Nova.

Pour cette pièce-là, j'ai travaillé dix huit mois en continu ou presque, arrêtant seulement quand les poses étaient nécéssaires à cause de mes mains et de mes yeux.

C'est pourquoi j'ai raconté l'histoire des robes Afghanes qui sont si lourdes qu'elles ne peuvent être brodées que par des hommes.

Il faut savoir que lorsque l'on tient la pièce brodée déjà importante entre ses mains c'est lourd à porter, à manipuler.

Ce travail, n'était pas canevasser, ne s'accomplissait donc pas sur un support rigide et autoritaire.

Qui peut expliquer cela en dehors de sa créatrice.

Réalisé sur du drap, si l'on veut suivre le dessin et l'empêcher d'aller dans tous les sens il faut lui imprimer sa volonté et lui imposer des contre sens.

Il faut tourner et retourner le drap support.

Cette manipulation est très fatigante pour les mains.

En ce temps- là, était survenu pour moi, le changement de ma vision.

Comme les choses se faisaient de manière imperceptibles et que les nécéssités professionnelles

faiaient que j'avais mieux à faire semblait-il que de m'occuper de ma santé, j'avais tout simplement récupéré une paire de lunettes d'occasion qui étaient sans doute mal adaptées, et je ne m'étais pas arrangée les yeux.

Le problème était que je devais en même temps, faire ma broderie et l'interrompre, en levant les yeux pour surveiller mon espace commercial ou m'occuper de mes clients, et que ces changements de champ visuel n'étaient pas faciles à gérer.

Claude mon mari, se révoltait lorsqu'il m'emmenait promener, parce que je brodais tout le long du voyage, et qu'il pensait que je ne l'honorais pas en regardant le paysage.

Mais je lui affirmais que j'avais les yeux levés chaque fois que je tirais l'aiguille, et c'était la réalité.

Avancer l'ouvrage, le voir en grand, était mon objectif.

Il m'est même arrivé par la suite, de poser ma signature en milieu d'oeuvre pour être sûre qu'elle s'y trouve, si d'aventure j'allais mourir avant que de n'avoir terminé.

Heureusement j'avais fini par acquérir mes premiers verres progressifs et le problème avait été reglé.

Il est vrai que l'on pourrait travailler le textile en étant aveugle.

Je pense que l'on doit pouvoir faire des nouages, des paquetages, et mêmes de la broderie, le toucher palliant à la vue.

Mais cela n'a jamais fait partie de mon "jeu".

Chez moi le regard est essentiel.

Je ne fais pas des têtes de carnaval, même si je suis née à Nice, et si j'apprécie l'art carnavalier à ce point que je désire que nous l'exprimions au cours de notre prochain festival.

Lorsque je dessine ou je peins, je commence toujours par exprimer un oeil, un regard.

Même si je m"applique à ne pas le faire, cela s'impose.

Le visage, n'est que l'entourement du regard.

Il est souvent grotesque parce que je ne sais pas objectivement dessiner, c'est tout.

Je dirai que si l'on ne retient de ma peinture que des visages de Carnaval, il vaut mieux ne pas la regarder, tant je me sens incomprise.

Du temps des broderies des grandes pièces, je disposais mes fils comme une palette, et je piochais dedans à mon gré, comme si cela avait été une palette de couleur à peindre.

Au début, les fils étaient en ordre et bien rangés et presque aussitôt survenait un embrouillamini inextricable dans lequel il me fallait tirer un à un chaque fil.

Ce qui est génial, c'est de voir que m'exprimant avec des fils sur un travail qui durait plus d'une année et sans dessin préalable,au final je me retrouvais avec un tableau qui ne dénotait en rien de mes peintures.

Ce qui m'a fait souvent dire, que nous avions chacun une palette qui nous est propre comme nous avons un groupe sanguin.

La suite un autre jour...............Danielle Jacqui.


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