6.12.06

 

5 décembre 2006.


La rubrique de mes gares (suite)

Puisque durant "La Résidence" je travaille avec les enfants, et j'ose en formuler le voeu, pas seulement ceux des écoles maternelles, je profite de cette situation un peu privilégiée pour jouer mon rôle de mémoire orale.
Les enfants de tous âges, j’attends vos récits de voyage............
Ma maman, donc recherchée par la gestapo, nous avait mis en pension dans un établissement modèle, mon frère, ma soeur qui était au berceau et moi.
C'était le Centre Hélio Marin d' Anthéor.
Nous étions dans l'un des plus beaux sites de la côte d'Azur, à cause notamment des roches rouges.
Chaque fois que je passe là, depuis, la beauté reconduite et la beauté tout court de ce lieu me font taper le coeur d'émotion.
C'était une construction neuve et superbe.
Il y avait des pavillons et notamment une piscine intérieure incroyable, dont j'ai gardé la vision en bleue et mer et soleil, tant elle était belle.
Je pense que sans doute ma prédilection pour la mosaïque vient de là.
C'était la guerre, et aussi le temps des abus.
Abus du monde des adultes sans scrupules, et nous y mourrions de faim.
Nous étions faméliques et j'en passe de mes souvenirs, couverts de poux et d'impétigo.
On retrouvera je l'espère, un jour, dans les mémoires de ma mère, et dans les "bulletins de celle qui peint" ces souvenirs plus en détail, car ce fut une épopée..
J'en passe pour arriver à ce qui me relie aux gares et aux trains.
Un jour nous avons reçu, tombés du ciel, des milliers de tracts, demandant d'évacuer le centre sous trois jours.
J'ai vaguement le souvenir d'un regroupement, mes co-pensionnaires et moi, sous les lits de l'infirmerie où je me trouvais, aux prémices d'un bombardement, mais il y a si longtemps et j'étais si jeune!
Il faut savoir qu'il y avait à Anthéor un viaduc très important qui reliait le reste de la France à Nice. Une architecture impressionnante et magnifique, en courbe, à flanc de rocher et de village..
Lorsque j'ai accepté de peindre la "Fresque JADE, à Roquevaire" ce mur, je ne sais pourquoi évoquait pour moi, l'ancien viaduc.
Les Anglais avaient donc décidé de le bombarder.
C'était la deuxième frayeur vécue en ce lieu, car nous avions subi quelques temps auparavant, un incendie dans l'Esterel.
Ma mère ne pouvait venir nous chercher par peur de se faire arrêter.
Ce sont donc des braves gens, des chics gens, qui étaient venus nous chercher, non sans risques pour eux-mêmes d'ailleurs, avec leur camionnette et nous avaient ramenés à Nice où ma mère se cachait pour une dizaine de jours.
Ce fut mon premier voyage à l'arrière d'un camion.

Comments: Enregistrer un commentaire



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?