4.12.06

 

04 décembre


Dans la rubrique: souvenirs de Gares.
Je ne me souviens pas si ma première "Gare" est lié à ce temps béni de ma prime enfance et à l'un de mes premiers noël, avec en prime un jeu de construction avec lequel on pouvait construire une gare.
Ou bien si La petite "Gare du Sud" de Nice presque en face de laquelle était ma maison avait directement marqué mon imagination.
Ce bâtiment, pour moi qui était toute petite, faisait grand.
Je suis née à Nice dans une jolie maison aux pierres apparentes dont le fronton est surmonté d'un écusson: "Palais Susoni de Santoni".
Nous traversions souvent le grand jardin public, qui était juste en face de la maison et nous nous retrouvions devant la Gare.
Il y a des souvenirs incroyables dans ce jardin.
Les veuves, la tête cachée derrière un grand voile noir.
Les nourrices installées sur les bancs pour allaiter leurs enfants, déjà grands souvent.
Il me semblait que leurs seins étaient considérables.
Il y avait là, ou à proximité, un marché.
Ma mère au début de la guerre attendait qu'il soit tard pour y aller faire ses commissions, afin de pouvoir bénéficier de quelques rebuts à bon compte.
Il a fait très faim à Nice pendant la guerre.
Ma mère me tenait par la main et je disais : j’ai faim.
Une fois n'en pouvant rien, ma mère avait répondu afin que je reste sage: mange ta main et garde l'autre pour demain!
Il faut relativiser et se remettre dans le moment, mais, cela m'est toujours resté.
C'était terrible!
Dans ce jardin il y avait une belle maison, rouge, ou rose dur, me dit mon souvenir. La villa Tiolle, me semble-t-il.
J'y suis venue longtemps après, quand je voulais devenir joaillier comme mon père.
J'avais été refusée à l'école de joaillerie parce qu'en ce temps là les filles n'y étaient pas admises.
C'était sublime!
j'apprenais à faire des croquis côtés, de bague, car j'étais avec les apprentis menuisiers qui en faisaient autant pour les portes!
Je m'étais aussi inscrite à un cours de dessin.
Le professeur qui voulait absolument me faire mesurer les distances avec le manche du pinceau pour me faire dessiner les barreaux d'une échelle au bout de deux séances avait décidé que ce n'était pas la peine que j'insiste tant j'étais nulle!
C'est ainsi que j'ai failli rater ma carrière d'artiste.
Je ne suis pas restée dans cette école car mon père était prude et ne voyait pas d'un bon œil, que je rentre le soir accompagnée des garçons seuls élèves de ce cours pour menuisiers..
J'ai l'air de m'éloigner de la Gare du Sud, mais il n'en n'est rien puisqu'elle faisait partie du paysage.
En 41 ou 42, ma mère a dû changer de département car elle était recherchée par la Gestapo dans les Alpes Maritimes.
Nous avions émigrés à Montauroux petit village dans le Var.
Mes parents étaient séparés alors, et je devais aller chez mon père de temps en temps comme il se doit.
Ma mère me confiait à un voyageur et mon père venait m'attendre à la gare.
Je ne me souviens pas de mes sentiments, était-ce angoissant ou au contraire palpitant, je ne saurais dire.
On perçoit les choses surprenantes comme normales, lorsque l'on est enfant.
Seul est demeuré mon premier souvenir de train et de gare.
La Gare côté envers et intérieur.
je pense qu'il s'agissait de la Gare du Sud.

Comments: Enregistrer un commentaire



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?