7.11.06

 
Je travaille par amour du travail, je veux dire de ce travail qui est un tout. Je vais au bout, à l'extrême bout de ce que j'entreprends. Je sais ne pas m'éparpiller ni sacrifier l'essentiel au secondaire. Dès que j'ai eu conscience de ma potentielle capacité artistique je me suis projetée dans le temps, sur un chemin à longue distance. Et même si j'ai manifesté quelque impatience ici ou là je me suis toujours aperçue que le temps, seul peut forger l'oeuvre-ŒUVRE. Donc je peux travailler trois ans sur une pièce (broderie par exemple), chaque pièce entrant ensuite dans le TOUT et participant de l'ensemble. Lorsque j'ai enclenché une oeuvre ou un projet je me sens responsable quelque part et j'aurais honte de m'en démettre ou de le bâcler. Le problème vient de mon imaginatif qui construit des projets qui tiennent le plus souvent de l'utopie, surtout lorsque ce projet implique le collectif : participation à une exposition, réalisation renouvelée de la façade de la maison, ou festival d'art singulier. La décision première, le rêve ou la volonté cachée ne moi présume de mes forces, mais lorsque je suis engagée je ne peux plus reculer et je deviens alors mon propre bourreau. Mais la capacité de former ces projets et de les réaliser est directement liée au lent travail sur moi-même et dans la durée de l'aventure artistique.
(...)
Je me voudrais souvent ailleurs, plus dans le savoir-faire et dans la perfection de ce savoir-faire. Mais en même temps je me rends très bien compte de la qualité même de mon travail né de mon non savoir-faire, de l'imperfection et de l'appesantissement sur l'imperfection.
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Au départ la qualité même de mon expression tenait du fait que je transcrivais en direct comme une empreinte l'histoire de ma vie. C'est ce qui en fait pour le spectateur capable d'y entrer la qualité intrinsèque. C'est inversement ce qui en provoque le rejet pour ceux qui privilégient la notion d'art singulier et ses critères qui n'ont pas forcément ce que Laurent Dauchin nomme le regard du peintre (clin d'oeil à Laurent), et pour réunir les extrêmes, je dirai que Gérard Seudrey avait évoqué le hors abécédaire ordinaire, nécessaire pour entrer dans mon art. (...)

Extraits d'un entretien entre Danielle Jacqui et Hong Mi-Jen, paru dans le Bulletin de celle qui peint, janvier 2001

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